Danse3 décembre 20120Ballet Preljokaj

 

Ballet Preljocaj, Annonciation

 

Le Ballet Preljocaj était récemment en tournée à l’Ile de La Réunion. Au Théâtre de Champ Fleuri, il a donné deux pièces intitulées « Annonciation » et « Helikopter ».

 Né en 1957 de parents albanais, Angelin Preljocaj anime une troupe de ballet basée à Aix en Provence, qui donne une centaine de représentations par an en France et à l’étranger. Preljocaj a créé 45 chorégraphies. A Saint Denis de la Réunion, il présentait deux pièces très différentes.

 « Annonciation » a été créée en 1995. Deux danseuses incarnent Marie et l’Ange.  « Incarnent » est d’ailleurs le mot qui convient. L’iconographie traditionnelle se concentre sur l’annonce, la transmission d’un message qui provoque chez elle stupeur, crainte, et finalement soumission et consentement : toi, vierge, enfanteras. Preljocaj met en scène le corps de Marie et le corps de l’ange. Leur corps à corps est fait de séduction, de révolte, d’abandon. C’est le moment de la pénétration de Marie par l’Esprit de Dieu que le chorégraphe nous donne à voir ; la conception de l’Enfant Dieu est totalement physique, et c’est pour cela qu’elle est totalement mystique. Le Christianisme parle de Dieu devenu chair, sang, sueur, larmes, mouvement, grâce. « Annonciation » met cela en scène de manière sublime. L’alternance d’une musique moderne (Crystal Music de Stéphane Roy) et de Magnificat de Vivaldi convient bien à la dialectique de l’œuvre entre corporel et spirituel et entre révolte et soumission.

 « Helikopter », pièce pour 6 danseurs de 2001, est d’un genre tout différent. Preljocaj a voulu chorégraphier une œuvre de Karlheinz Stockhausen. La musique, basée sur le hurlement des turbines d’hélicoptère, est si effrayante que l’on propose aux spectateurs des boules quiès. Mais comme dans « Annonciation », c’est la dialectique qui rend l’œuvre puissante. L’hélicoptère est en effet une machine violente qui arrache des masses à la loi de la gravitation au prix de rugissements et de vibrations. Mais c’est aussi un engin qui se glisse dans les fluides, ouvre de grands espaces, élargit notre vision du monde. Equipé de canons, il apporte la mort ; aux mains de secouristes, il donne le salut. C’est cette ambivalence qu’expriment les danseurs avec leurs corps, sur une scène rendue mouvante par des projections de formes géométriques animées.

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