CinémaHistoire8 mars 20200de Gaulle

Réalisé par Gabriel Le Bomin, « de Gaulle » est le premier biopic consacré par le cinéma au Général de Gaulle. Il se focalise sur les mois de mai et juin 1940, lorsque son destin, mêlé à celui de la France, a basculé.

En mai 1940, les blindés allemands enfoncent les positions françaises et britanniques. Le président Paul Reynaud (Olivier Gourmet) appelle auprès de lui le Colonel de Gaulle (Lambert Wilson), l’un des seuls officiers français à avoir efficacement résisté sur le front. Il le fait général de brigade « à titre temporaire » et le nomme sous-secrétaire d’État à la guerre.

Paul Reynaud voudrait continuer la guerre. Il envoie de Gaulle à Londres négocier avec Churchill (Tim Hudson) l’envoi de renforts. Une seconde fois, il le charge d’une mission visant à fusionner l’Angleterre et la France, pour mener la lutte depuis Londres. Mais au sein du cabinet, il est isolé. Pétain et Weygand veulent l’armistice. Et Pétain veut pour lui le pouvoir, tout le pouvoir afin d’en finir avec la République qu’il maudit.

Il se passe alors quelque chose d’incroyable : le militaire qu’est Charles de Gaulle dit non. Il le paiera d’une accusation de désertion et de trahison, de la condamnation à mort par contumace, de la dégradation militaire et de la confiscation de ses biens. Il gagne Londres accompagné d’un seul homme, de Courcel. Il obtient de Churchill de pouvoir parler à la radio. C’est l’appel du 18 juin.

Sa femme Yvonne (Isabelle Carré) est, comme des centaines de milliers de Français, ballotée sur les routes avec ses trois enfants. Pendant des semaines, mari et femme ne savent rien l’un de l’autre. Yvonne parvient à prendre le dernier bateau qui quitte Brest et qui, par miracle, n’est pas torpillé. Le film de Gabriel Le Bomin se focalise sur la relation de Charles avec sa famille, au moment où son destin bascule.

Alors qu’il devient un hors-la-loi exilé, il ne sait rien du sort de ses proches. Peut-être sont-ils morts ? S’ils sont vivants et restés en France, quelles représailles le Maréchal exercera-t-il contre eux ? Ces angoisses pourraient le paralyser. Mais la pensée des siens le confirme au contraire dans sa détermination de sauver la France envers et contre tout. Yvonne l’a toujours encouragé à aller de l’avant. Il a surtout en tête l’image de la petite Anne, une enfant trisomique que ses deux parents considèrent comme un trésor. « Anne était aussi une grâce, elle m’a aidé à dépasser tous les échecs et tous les hommes, à voir plus haut », a écrit Charles de Gaulle.

Le « de Gaulle » de Le Bomin ne fait pas l’unanimité. Certains lui reprochent l’excès de bons sentiments, une interprétation trop souriante et libre du personnage d’Yvonne de Gaulle, le recours répété à des flash-backs familiaux un peu pesants. Ces reproches sont en partie justifiés, mais n’empêchent pas le film d’être une vraie réussite cinématographique. Le spectateur est emporté par le récit, il découvre les tenants et aboutissants d’une crise militaire, humanitaire et politique d’une intensité inouïe, il admire le talent de Lambert Wilson et Isabelle Carré pour se couler dans la peau de personnages momifiés par l’histoire, et il se laisse charrier sans remords par un torrent d’émotions.

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