Cinéma7 septembre 20150Floride

Réalisé par Philippe Le Guay, « Floride » est l’interprétation cinématographique de la pièce de Florian Zeller « Le père ». Comme la pièce, le film explore le territoire de la démence sénile.

Ancien patron d’une entreprise de production papetière près d’Annecy, Claude Lherminier passe sa retraite dans une grande maison en surplomb du lac. Malgré son âge, il a fière allure, toujours tiré à quatre épingles dans des vêtements de couleur vive. Les apparences sont trompeuses : la confusion s’installe peu à peu dans la tête du vieil homme.

Perdre la tête le terrorise, même s’il ne l’avouera jamais à quiconque. Pour se rassurer, il met en œuvre deux stratégies. La première est de répondre à la démence par la paranoïa. Il accuse la bonne de lui avoir volé sa montre ; il se montre cruel à l’égard de sa fille Carole (Sandrine Kiberlain) qui se met à son service au péril du couple nouveau qu’elle forme avec Thomas, l’accusant de cupidité et de mesquinerie.

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La seconde stratégie consiste à se construire un paradis où il pourra se réfugier : la Floride. Claude est persuadé que sa fille Alice y coule des jours heureux et qu’elle l’y attend. Alice est parée de toutes les vertus que Claude dénie à Carole. Le problème est que celui-ci s’enferme dans un terrible déni : Alice est morte il y a neuf ans dans un accident de voiture. Rien n’y fait, la Floride est pour Claude un eldorado, il roule en Floride, il boit du jus d’orange de Floride, il rêve de palmiers de Floride…

Philippe Le Guay évite le pathos. La vieillesse de Claude n’est pas grise. L’humour est sans cesse présent, en particulier à bord de l’avion qui l’emmène à Miami, où il confond l’hôtesse avec une infirmière. Pourtant, le réalisateur et ses acteurs parviennent à nous faire partager un sentiment de profonde tristesse face au délitement de la conscience d’un homme qui fut doté d’une forte personnalité.

Il est tentant de comparer le film à la pièce qui l’a inspiré. La pièce parvient à créer chez le spectateur lui-même un sentiment d’angoisse : face à un décor figé, celui-ci est témoin d’événements qui s’entrechoquent dans le temps et lui font perdre ses repères. Le film est plus léger, aussi plus rassurant pour le spectateur, trop gentil peut-être. Son avantage par rapport à la pièce est rôle de la fille du vieil homme. Dans la pièce, elle est le témoin navré et impuissant d’un naufrage. La Carole du film a repris les rênes de l’entreprise de son père et s’efforce de concilier vie professionnelle, vie de couple et accompagnement de la fin de vie d’un homme à qui elle doit tant.

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