CinémaGrande Bretagne22 octobre 20170Gosford Park

Dans Gosford Park (2002, récemment diffusé par Arte TV), Robert Altman dresse le portrait d’une aristocratie britannique décadente dans les années trente.

En novembre 1932, William McCordle reçoit dans son manoir un groupe d’aristocrates venus participer à une partie de chasse. Ces messieurs et dames arrivent avec leurs domestiques. Leur vie sociale se déroule au rez-de-chaussée, avec salon, salle à manger et fumoir. Leurs chambres sont au premier étage.

 

Les domestiques sont logés dans des chambres de bonnes sous les toits. Ils travaillent au sous-sol où se trouvent cuisines et buanderie. Pendant deux jours, ils perdent leur identité : on les appelle par le nom de leurs maîtres. On prie Mary, la toute jeune servante de la baronne Trentham d’occuper la place d’honneur à la table des serviteurs : celle-ci est en effet ordonnancée selon l’ordre de préséance de la table des maîtres.

On relève toutefois des fausses notes. La partie de chasse tourne au massacre des volatiles, comme dans « La règle du jeu » de Jean Renoir, film qui, comme Gosford Park, décrit une société au bord de l’abîme de la décadence. Un domestique se singularise en se disant issu non d’une famille de domestiques, mais de l’orphelinat. Un crooner américain fait chavirer le cœur de ces dames. Le domestique d’un réalisateur américain, invité à la fête, s’avère être, en réalité, du milieu des maîtres : il provoque les serviteurs et drague servantes et maîtresses.

Le réalisateur raconte à table le scénario de son prochain film : pendant une partie de chasse, le maître de maison est assassiné. C’est exactement ce qui se passe. McCordle est assassiné, et même doublement assassiné : une femme le tue par du poison, un homme lui plante un couteau dans le cœur. Un inspecteur présomptueux et stupide se saisit du dossier. On sent qu’il n’arrivera à rien. Seule la petite servante Mary parvient à comprendre les terribles secrets de famille qui sont à la base du drame.

« Gosford Park » est un film foisonnant dans lequel le spectateur peine à identifier les personnages et les relations, le plus souvent de haine ou de mépris, qu’ils nourrissent à l’égard des autres. Mais cette impression de vertige entre clairement dans l’intention du réalisateur. Il met en scène la lutte des classes sourde et multiforme qui oppose ceux du dessous de ceux du dessus.

La distribution est brillante : on y relève Maggie Smith, Kristin Scott Thomas, Michael Gambon, Stephen Fry et Helen Mirren, entre autres grands acteurs. Ils contribuent à faire de ce film une grande réussite.

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