Cinéma9 août 20150La femme au tableau

« La femme au tableau », film réalisé par Simon Curtis, est fondé sur l’histoire réelle d’une Juive autrichienne spoliée pendant la seconde guerre mondiale qui exigea et obtint de l’État autrichien la restitution d’œuvres d’art.

 En Autriche comme dans le reste de l’Europe, les Nazis s’approprièrent un grand nombre d’œuvres d’art. Ils confisquèrent en particulier la collection de peintures de la famille Bloch Bauer, dont « la femme en or », portrait d’Adele Bloch Bauer par Gustav Klimt. Après la guerre, ce tableau et d’autres œuvres de Klimt furent exposés par le musée des beaux arts de Vienne, dont ils devinrent l’un des fleurons.

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Après que, sous la pression internationale, l’Autriche avait créé en 1998 une commission pour la restitution des biens spoliés, la nièce d’Adele, Maria Altmann, introduisit une demande auprès de la commission. Conseillée par un jeune avocat de Los Angeles, sa ville de résidence, et épaulée par un journaliste autrichien, Hubertus Czernin, elle mena une longue bataille judiciaire, aux États-Unis et en Autriche, qui fut finalement couronnée de succès.

 C’est ce combat que raconte le film de Simon Curtis. La figure centrale est celle de Maria Altmann, dont le personnage est joué par Helen Mirren. Maria est présentée comme une femme simple, dont la seule revendication financière est de pouvoir changer son lave-vaisselle, alors que l’enjeu du bras de fer avec l’État autrichien est supérieur à 100 millions de dollars. Maria est animée par un souci de justice, mais la perspective de revenir à Vienne et d’affronter un passé terrifiant lui fait horreur.

 L’avocat Schoenberg (Daniel Reynolds) se passionne peu à peu pour le cas de sa cliente au point de s’y consacrer totalement, de démissionner du prestigieux cabinet d’avocat qui l’avait embauché et de s’endetter pour aller de l’avant.

 Le journaliste Czernin (Daniel Brühl) a un compte à régler avec le passé nazi de son propre père. Aider Altmann et Schoenberg à s’orienter dans le maquis administratif et judiciaire autrichien est un acte militant : il s’agit de contribuer à la prise de conscience de ce que l’Autriche a été autant, ou davantage, bourreau que victime pendant les années noires du nazisme.

 Le scénario est efficace, ménageant le suspense : quelles manœuvres le méchant gouvernement autrichien va-t-il trouver pour contrarier le juste combat d’Anna, Randy et Hubertus ? Ceux-ci trouveront-ils en eux l’énergie pour combattre le découragement ? Anna surmontera-t-elle ses fantômes pour mener son combat dans la ville qu’elle a dû fuir, laissant ses parents entre les griffes des Nazis ?

Le film est bien construit et bien interprété. Si ses ficelles sont grosses, cela fait aussi partie de ce que le spectateur attend du cinéma américain : des larmes, des indignations, des frayeurs, et finalement la victoire espérée et attendue de la Justice.

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