ArtCinémaItalie9 avril 20150La Sapienza

La Sapienza, film d’Eugène Green, raconte une belle histoire et rend hommage à l’architecture baroque italienne.

 Alexandre (Fabrizio Roncone) vient d’être couronné d’un prix d’architecture à Paris. Mais les bâtiments qu’il crée ne le satisfont plus. Il rêve de constructions plus cohérentes avec le bâti historique et mieux intégrées dans la nature. Pour se ressourcer, il part en Italie sur les traces de son maître, l’architecte baroque Francisco Borromini. Son épouse Aliénor (Christelle Prot Landman) décide de l’accompagner, dans l’espoir de renouer avec son mari un amour qui s’est mué avec le temps en terne affection.

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Le couple fait étape à Stresa, sur le Lac Majeur. Il rencontre deux adolescents italiens, Lavinia et Goffredo. Lavinia (Arianna Nastro) est une jeune fille fragile sujette à des évanouissements. Goffredo (Ludovico Succio) projette de suivre des études d’architecture à Venise. Aliénor restera à Stresa pour percer le mystère de Lavinia ; Goffredo accompagnera Alexandre dans son parcours sur les traces de Borromini.

 À Stresa, Lavinia et Aliénor s’apprivoisent peu à peu. L’une et l’autre portent en elles l’ombre d’un disparu, et ces ténèbres les empêchent d’être heureuses.

 À Rome, les hommes étudient avec admiration les constructions de Borromini, en particulier la façade concave de l’église Sant ‘Ivo de la Sapienza, dont toutes les lignes conduisent au ciel. Le but de l’architecture, dit Eugène Green, consiste à capter l’énergie spirituelle dont les hommes sont armés, et à donner aux gens des espaces où ils peuvent trouver l’esprit et la lumière.

 Au terme de ce parcours initiatique, la lumineuse Lavinia dont le cœur est encombré de ténèbres trouvera la lumière, tandis qu’Alexandre et Aliénor seront remplis d’un esprit nouveau.

 La Sapienza est un film étrange et envoûtant. La diction des acteurs est artificiellement lente, à la limite de la pédanterie, dans la tonalité de la nouvelle vague des années soixante. Mais on est subjugué par la magie du baroque, celui des églises de Borromini et celui des vêpres de la Vierge Marie de Monteverdi. On se laisse prendre peu à peu au projet du réalisateur : montrer comme l’esprit de créateurs du dix-septième siècle percole dans des âmes d’aujourd’hui au point de les transformer et de les affranchir de leurs pesanteurs.

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Eugène Green, le réalisateur, dans le rôle d’un exilé chaldéen à Stresa

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