Théâtre2 juillet 20170La Strada, la comédie musicale

« The Other Theatre », situé dans le quartier de la gare Victoria à Londres, joue jusqu’au 8 juillet une comédie musicale adaptée du film « La Strada » de Federico Fellini. Le résultat est remarquable.

Comment transposer sur les planches un classique du cinéma ? Comment faire vivre en 2017 une histoire mise en scène par Fellini dans une Italie à peine sortie du fascisme et de la guerre ?

Le travail de la metteuse en scène Sally Cookson a d’abord consisté à créer un décor : trois mâts, que les comédiens escaladent et qui supportent des toiles évoquant un chapiteau de cirque ; des caisses, qui prennent tour à tour la fonction de siège, de table, de podium ; un guidon équipé d’un phare, des pneus qui créent l’illusion de la moto de Zampano.

Il y a ensuite une formidable troupe de comédiens. La Canadienne Audrey Brisson, issue du Théâtre du soleil, joue une Gelsomina sensible et déterminée ; Stuart Goodwin est excellent dans le rôle de Zampano, un homme brutal qui réalise trop tard la perte irréparable que représente pour lui Gelsomina ; et aussi Bart Sorcozynski, qui joue avec finesse le « Matto » (le fou) qui provoque Zampano et invite Gelsomina à se libérer.

Le spectacle mêle musique et chorégraphie, avec dix autres artistes polyvalents, qui sont aussi à l’aise dans la danse que dans les instruments.

La Strada de Cookson est fidèle à l’œuvre de Fellini. Elle s’en écarte toutefois en donnant plus de personnalité à Gelsomina. Elle n’est pas simplement la fille-clown du film. Elle devient une trompettiste douée, capable finalement d’envoyer de l’argent à sa famille. Comme dans le film, elle finit par mourir, incapable de survivre à l’assassinat du Matto par Zampano. Mais elle quitte le monde telle une étoile, la star qu’elle est devenue à ses propres yeux.

La comédie musicale s’ouvre et se finit par l’évocation d’une répétition de l’histoire. Celle que vit Gelsomina, sa sœur Rosa l’a déjà vécue de manière identique. Leur histoire est celle de tant de femmes qui, opprimées, cherchent et trouve leur chemin de dignité.

« La Strada » a été en tournée en Grande-Bretagne avant d’achever sa route à Londres. Pourquoi ne reprendrait-elle pas son chemin en France ?

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