Cinéma14 mai 20160L’Avenir

Dans « L’Avenir », film de Mia Hansen-Løve, Isabelle Huppert incarne une professeure de philosophie au seuil de la soixantaine.

Nathalie (Isabelle Huppert) est, comme son mari Heinz (André Macron), professeure de philosophie dans un lycée parisien. Ils ont un garçon et une fille, tous deux étudiants. Elle dirige une collection de livres de vulgarisation philosophique. Sa mère (Edith Scob), prise de crises d’angoisse dès qu’elle est seule, lui lance des appels désespérés et exige sa présence.

En quelques mois, Nathalie va se trouver dénuée de tout ce qui faisait sa vie. Son mari la quitte pour une maîtresse, et avec le mari elle perd aussi la maison en Bretagne qu’elle fleurissait avec passion. Pour des impératifs de marketing, la maison d’édition arrête la collection. La mère de Nathalie perd de plus en plus la raison. Il faut la placer en maison de retraite et elle meurt.

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C’est dans un ancien élève, Fabien (Roman Kolinka), que Nathalie trouve quelqu’un avec qui parler, de philosophie et aussi de sa vie. Fabien part dans le Vercors vivre avec un groupe d’amis français et allemands ; ils y élèveront des chèvres et trouveront le temps d’écrire et de réinventer le monde. La première visite de Nathalie à Fabien est amère : celui-ci lui reproche de n’avoir jamais franchi le pas entre les idées et le changement de sa vie personnelle.

De sa mère, Nathalie a hérité d’un chat, pour lequel elle éprouve des sentiments contradictoires : elle ne l’aime pas, mais lui est attachée. Lorsqu’elle laisse Pandora à Fabien et à sa petite communauté, il ne lui reste comme lien avec son passé que l’enseignement, pour quelque temps encore, et ses enfants. Sa fille accouche d’un petit garçon : l’avenir !

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Il ne se passe dans « L’Avenir » que des choses banales : une femme abandonnée par son mari, la passion pour les livres et les idées, la disparition d’une maman dont la vieillesse est un naufrage, le désaccord avec des jeunes à l’engagement politique radical. On s’attend à l’éruption d’une relation amoureuse entre la sexagénaire et son élève revenu à la terre, mais Nathalie ne sera pas le cougar de Fabien.

C’est pourtant le charme de ce film d’être dénué d’intrigue. Mia Hansen-Løve nous présente des personnages banaux, qui s’expriment avec les mots et les tonalités d’aujourd’hui et avec qui les spectateurs appartenant au milieu intellectuel s’identifient facilement. Elle filme la mutation d’une femme qui, peu à peu dénuée de tout, se découvre libre. Il s’en dégage un profond sentiment poétique, curieusement davantage ancré dans la nostalgie que tourné vers l’avenir.

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