CinémaHistoireTélévision30 août 20160Le film maudit -Jud Süss

Arte TV a récemment diffusé le Film d’Oskar Röhler, « le film maudit – Jud Süss » (2010) qui raconte comment le comédien Ferdinand Marian fut poussé par Goebbels à jouer le rôle principal dans « le Juif Süss », qui fut un formidable succès de la machine de propagande nazie.

En 1939, le ministre d’Hitler Joseph Goebbels (Moritz Bleibtreu) assiste à une répétition d’Othello de Shakespeare. Il est impressionné par le jeu de Ferdinand Marian (Tobias Moretti) dans le rôle d’Iago dans l’Othello de Shakespeare. « On le croirait juif », dit-il, tant son interprétation est diabolique et sournoise. Goebbels a une ambition : réaliser un film antisémite qui soit pourtant une véritable œuvre d’art. Ce sera « Le Juif Süss », lion d’or au Festival de Venise en 1941 et vu en Allemagne par 20 millions de spectateurs.

Goebbels impose Marian au metteur en scène, Veit Harban (Justus Von Dohnanyi). Marian, qui cache un Juif chez lui et dont l’épouse, Anna (Martina Gedeck) a des ascendances juives, refuse le rôle. De la séduction, Goebbels passe à l’intimidation. Marian se résout à accepter de jouer Süss.

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Le comédien croit toutefois pouvoir se tirer de ce mauvais pas en rendant, par son jeu d’acteur, le Juif Süss humain. Veit Harban s’impatiente de voir son acteur vedette manquer d’insolence. Mais Goebbels, en fin manipulateur, se réjouit des manières doucereuses et faussement humbles de Marian. Lorsque Süss entreprendra de violer une jeune aryenne et de faire torturer son fiancé, la perfidie de la « race juive » apparaîtra encore plus insupportable.

Le calvaire de Ferdinand Marian commence. Sa femme est déportée comme juive. Quant à lui, il doit faire la promotion du film, y compris auprès des gardiens de camps de concentration qui y trouvent un combustible pour leur haine et une excuse pour le crime d’extermination qu’ils commettent. Pour parachever son avilissement, Goebbels lui tend un piège : une femme se livre à lui et exige qu’il répète avec elle la scène du viol, assimilant ainsi l’acteur et son répugnant personnage.

La guerre finie et perdue pour le nazisme, Marian s’enfonce dans le remords, le désespoir et l’alcool et finit par se suicider.

Présenté au Festival de Berlin en 2010, « Jud Süß – Öhne Gewissen » a soulevé une polémique. Je l’ai, pour ma part, jugé remarquable, en particulier pour le jeu pervers entre Goebbels et Marian : le premier aussi séducteur que diabolique, surexcité, jouissant de ce jeu de chat et de souris où il était le chat ; le second tiraillé entre la fidélité à ses idéaux, la vanité d’être flatté par le pouvoir et l’angoisse de perdre à jamais le droit d’exercer son métier de comédien.

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