Société7 octobre 20150Lubrifiant social

Dans le cadre d’un séjour dans la région lyonnaise, nous avons rencontré un viticulteur du Beaujolais dont le slogan est « lubrifiant social ».

L’expression « lubrifiant social » rend hommage à la fonction socialisante du vin : ouvrir une bonne bouteille, la savourer ensemble, sentir monter l’empathie à mesure que l’alcool réchauffe le corps, tout cela crée et renforce les liens entre des personnes. Les relations sont facilitées, tout comme le jeu de pièces mécaniques est rendu plus fluide par l’usage d’huiles.

Mais chez Julien Merle, viticulteur à Légny dans le département du Rhône, au sud du Beaujolais, le mot « social » a un poids particulier. Il entend produire du vin à sa manière, artisanale, différente de la viticulture industrielle. Et il aime expliquer sa manière de voir et de faire à ses amis et à ses clients.

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Julien Merle

En schématisant son propos, l’objectif d’un viticulteur industriel est de livrer au consommateur un produit rigoureusement stable. Le cas le plus typique est celui du champagne, vin pour lequel même la notion de millésime n’apparait que rarement. Il s’agit de remplir les promesses de la marque : un vin ayant, d’une bouteille ou d’un lot à l’autre, exactement les mêmes caractéristiques de saveur, de couleur, de pétillance. Pour cela, le producteur aura recours à toutes sortes d’adjuvants, avant la récolte, lors de la mise des raisins en cuve puis au stade de la vinification.

Le point de vue de Julien Merle est différent. Il accepte de renoncer aux désherbants chimiques, ce qui réduit les quantités produites mais évite d’épuiser la terre en détruisant la biomasse, en particulier les verres de terre. Il ne peut prédire comment sera le vin qui sortira de ses caves. Cela dépend d’une quantité de facteurs, de la qualité du sol à la pluviométrie. Il ne se soucie pas d’homogénéité. Au sein du même millésime et pour les mêmes cépages, le produit final pourra avoir des caractéristiques différentes selon les lots. Il faut tirer le meilleur parti de ce qu’offre la terre, mais finalement accepter ce qu’elle produit.

Il faut, explique Julien Merle, entrer dans la compréhension en profondeur des processus biologiques et chimiques de l’agriculture. Il applique cela à d’autres domaines que le vin, par exemple à la production de miel. Il possède deux petites ruches qu’il peuple en prélevant des essaims naturels. Il veille soigneusement à y laisser la quantité de miel dont les abeilles ont besoin pour se nourrir. Là aussi, c’est le principe d’une agriculture raisonnée et naturelle qui prévaut.

L’exploitation de Julien Merle est située dans la région des « pierres dorées ». La visite du village d’Oingt constitue une belle promenade, agrémentée par le jeu du soleil sur les façades ocre et de vastes panoramas sur les collines du Beaujolais.

Façade de pierre dorées à Oingt
Façade de pierre dorées à Oingt

 

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