Cinéma24 octobre 20170Ridicule

En hommage à Jean Rochefort, France 3 a récemment diffusé « Ridicule », film de Patrice Leconte (1996).

En 1780, le baron Grégoire Ponceludon de Malavoy (Charles Berling) monte à la cour du roi Louis XVI à Versailles pour solliciter des fonds pour un projet qui lui tient à cœur : l’assainissement des marais de la Dombes. Atteints par la malaria, les paysans ne dépassent pas la trentaine.

Séduit par sa vivacité d’esprit, un homme de cour, Bellegarde (Jean Rochefort), lui offre sa protection. Il l’aide à apprendre les codes qui permettent de monter, c’est-à-dire de s’approcher du roi, et peut-être de l’intéresser au projet des Dombes. C’est que la cour est un monde ultra-codifié : il faut savoir briller dans les joutes de mots d’esprit ; il ne faut pas hésiter à précipiter ses rivaux dans la déchéance en les couvrant de ridicule.

À la cour du roi Louis XVI, le ridicule tue : le ridiculisé se suicide parfois, ou prend le risque de périr en duel. Grégoire franchit brillamment les premières étapes et comprend que le chemin vers la chambre du roi passe par le lit d’une dame influente, Mme de Blayac (Fanny Ardant).

Toutefois, Grégoire rencontre sur sa route un obstacle. Il tombe amoureux de la fille de Bellegarde, Mathilde (Judith Godrèche). Comme lui, elle porte un projet fou : inventer un équipement qui permette de travailler sous l’eau. Comme lui, elle est prête à des compromissions, en l’occurrence se marier avec un vieil homme dont la richesse financera ses projets.

Grégoire doit choisir : renoncer à la cour et à l’aboutissement de son projet ; ou renoncer à Mathilde.

Le portrait que fait Patrice Leconte de la cour est cruel. Lorsque l’Abbé de l’Épée vient présenter devant un parterre d’aristocrates le langage des signes qu’il a inventé, le public rivalise de bons mots pour tourner les jeunes sourds et muets en dérision. Leur monde a perdu tout contact avec la réalité. La révolution les emportera quelques années plus tard.

Le personnage de Bellegarde, interprété par Jean Rochefort, est tout en finesse. Il est un courtisan, fasciné comme les autres par les joutes oratoires et l’art de briller en société. Mais il est aussi respectueux de la volonté farouche de sa fille de se forger son destin d’inventrice, et admiratif de la volonté de Ponceludon de faire aboutir son projet quoi qu’il lui en coûte.

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