Ile de la RéunionReligion23 octobre 20160Syncrétisme religieux autour de la Chapelle Pointue

La Chapelle Pointue fut construite sur son domaine de Saint Gilles les Hauts par la famille de Villèle en 1841. Aujourd’hui classée Monument historique, elle témoigne du syncrétisme religieux prégnant à l’Île de La Réunion.

L’édifice fut détruit par un cyclone en 1932, reconstruit presque à l’identique et restauré en 2003. Il avait été construit pour servir d’église paroissiale à la famille de Villèle et aux esclaves qui travaillaient sur son domaine sucrier. Son architecture est très particulière, avec un dôme octogonal rappelant le style des pagodes. Elle ne manque pas d’inspiration ni de classe.

La pratique de la religion catholique était obligatoire sur les domaines. Les « superstitions » amenées par les esclaves, puis par les travailleurs sous contrat, étaient systématiquement combattues. La chapelle pointue était le lieu où s’exerçait le culte officiel. Un autel de marbre sert à la célébration de la messe ; un confessionnal réalisé avec un assortiment des plus beaux bois de l’île permet l’absolution des péchés. Une exposition temporaire présente de très beaux vitraux de Guy Lefèvre, artisan verrier qui a travaillé pour les églises de La Réunion, Madagascar et Maurice.

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Saint Raphaël et Saint Expédit à l’extérieur de la Chapelle Pointue

À l’extérieur de la chapelle, c’est la religion populaire qui prend le pouvoir. Une statue de Saint Raphaël androgyne trône à côté d’un crucifix. Un édifice rouge dédié à Saint Expédit est entouré d’un nombre impressionnant d’ex-voto. Parmi eux s’est même glissée une divinité chinoise. Saint Expédit ne figure plus au calendrier de l’Église catholique. À La Réunion, il reste vénéré par les catholiques, mais aussi par les hindous qui ont assimilé sa figure à celle d’une de leurs divinités.

À proximité de la chapelle a été érigée une statue à Tiroukoural Tiroukallouvar, philosophe et poète tamoul ayant vécu au premier siècle avant Jésus-Christ. Une stèle cite l’un de ses aphorismes : « à quoi sert l’intelligence si l’on ne doit pas considérer le mal arrivé aux autres comme arrivé à soi-même ? » Une maxime dont nombre de fanatiques religieux feraient bien de s’inspirer.

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Détail d’un vitrail de Guy Lefèvre

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