Edgar Morin à la rencontre de ses souvenirs

À l’approche de ses cent ans (il est né en 1921), Edgar Morin raconte sa vie dans « les souvenirs viennent à ma rencontre », ouvrage de plus de 700 pages publié en septembre 2019.

Edgar Morin se laisse aborder par ses souvenirs dans l’ordre où ceux-ci décident de se présenter à lui. C’est dire que l’ordre n’est pas chronologique. Il y a toutefois une exception, au début du livre. Il évoque ses parents Vidal et Luna : « Dans la nuit du 8 juillet 1921, à leur domicile, 10, rue Mayran, le docteur Schwab extirpa du ventre de la femme un petit mort-né, apparemment étouffé par le cordon enroulé autour de son cou. Il prend le bébé par les pieds et ne cesse de le gifler, sans discontinuer, pendant un temps à perdre tout espoir, jusqu’à ce qu’un hurlement, enfin, annonce le retour à une vie qui semblait avoir disparu. » Continuer la lecture de « Edgar Morin à la rencontre de ses souvenirs »

L’homme qui en savait trop

Arte TV a récemment diffusé « l’homme qui en savait trop », thriller réalisé par Alfred Hitchcock en 1956.

La programmation d’Arte TV est souvent heureuse : telle est l’idée de gratifier les spectateurs d’un paquet d’adrénaline après des semaines de langueur confinée. Continuer la lecture de « L’homme qui en savait trop »

Premiers de cordée, premiers de corvée

À l’occasion de la crise du Covid-19, de nombreux commentaires ont opposé le rôle déterminant des sans-grade, les « premiers de corvée » au piétinement des sachants, les « premiers de cordée ».

Les « premiers de corvée » sont les infirmières, les caissières, les éboueurs, les facteurs qui, exposés en première ligne à la contagion, ont assuré les services essentiels et aussi ceux, comme les enseignants, dont les parents obligés de faire l’école à leurs rejetons ont ressenti l’absence. Il faut y ajouter les mères de famille, qui exécutent la majeure partie des tâches domestiques et jouent le rôle de régulateur émotionnel, prenant sur elles peurs, chagrins et colères. Continuer la lecture de « Premiers de cordée, premiers de corvée »

La Maison Golden

Avec « La Maison Golden » traduit par Gérard Meudal, édité par Actes Sud, Salman Rushdie propose un roman foisonnant, produit d’une érudition et d’une imagination sans pareil.

Le narrateur du livre est René Unterlinden, un jeune aspirant cinéaste qui peine à trouver son sujet. « Avec l’égotisme sans limites de la jeunesse, écrit René, je m’étais mis à imaginer un film puissant, ou plutôt une suite de films dans le genre du Décalogue, traitant des migrations, des transformations, de la peur, du danger, du rationalisme, des changements de sexe, de la ville, de la lâcheté et du courage, carrément une fresque panoramique de notre époque. » Ce positionnement, appliqué eu roman, est celui de Salman Rushdie. Continuer la lecture de « La Maison Golden »