Je souhaite partager dans « transhumances » ce qui m’a étonné, dans ma vie personnelle comme dans l’actualité.
Dans cet article de transhumances, je m’étonne de l’échelle de prix pratiquée par les entreprises de luxe ; célébrer les pirates comme des personnages admirables me semble un contresens ; j’ai rencontré à Split une vieille histoire de réfugiés qui fait échos aux drames d’aujourd’hui.
Echelle de prix
Notre voyage organisé en Bosnie Herzégovine inclut trois étapes de deux heures dans des espaces commerciaux en zone franche, consacrées aux tapis, aux vêtements en cuir et aux bijoux.
Dans la vie courante, on affiche des prix aussi bas que possible : 5,99€ (beaucoup moins cher que 6€), « à partir de 222€ » (mais jusqu’à 500€, voire plus). Ici, l’échelle de prix est inversée : les prix annoncés sont astronomiques.
Le vendeur commence par annoncer que la TVA au taux de 21% ne s’applique pas (on est en zone franche mais les étiquettes portent un prix TTC). S’engage alors une négociation dont les moteurs sont, d’un côté, l’intensité du désir de l’acheteur, de l’autre le besoin de vendre quitte à rogner sur la marge.
L’annonce de prix de départ élevés comporte deux bénéfices. On fait comprendre à l’acheteur qu’il acquiert un bien de grande valeur. On le flatte en soulignant ses talents de négociateur.
Pirates
La ville d’Omiš, en Dalmatie (province côtière de la Croatie) s’enorgueillit de son passé de port d’attache de pirates qui écumaient l’Adriatique.
Équipés de voiliers rapides, les pirates s’attaquaient aux navires marchands croisant au large. Ils ramenaient leur butin en faufilant leurs embarcations légères dans l’embouchure de la rivière Certina, où leurs victimes ne pouvaient les suivre.
Les pirates braquaient, rançonnaient, assassinaient. Ils agissent de même aujourd’hui au large de la Somalie. En raison de leurs exactions on les qualifie à juste titre de terroristes .
C’est pourtant leur mémoire qui est glorifiée à Omiš. Et dans les albums pour enfants, ils sont présentés comme des parangons de courage et de loyauté.
Réfugiés de Salone
La ville de Salone, ancienne capitale de la Dalmatie, a été envahie et rasée par les Avars puis les Slaves en 615.
Les habitants se réfugièrent dans le palais que l’empereur Dioclétien avait fait construire, trois siècles auparavant, à six kilomètres de là sur l’Adriatique. Le squat des ruines du palais par les réfugiés constitua l’acte de naissance de la ville de Split. La visite de ce monument est déconcertante, avec ses murailles transformées en immeubles d’habitation et le mausolée de l’empereur en cathédrale.
Les destructions, les massacres, la fuite éperdue de populations civiles ne sont pas, dans les Balkans, de l’histoire ancienne. La dernière guerre, avec ses massacres et ses réfugiés, date d’une trentaine d’années.