« The Brutalist », film de Brady Corbet avec Adrien Brody dans le rôle principal, est un film hors norme.
Il est exceptionnel par sa durée, plus de 3h30 avec un entracte de 15 minutes. Il l’est aussi par le torrent d’images et de sons qui entraîne le spectateur jusqu’à en perdre pied.
En 1947, Lázsló Töth, Juif hongrois, émigre aux États-Unis après avoir survécu aux camps nazis. Avant la guerre, il était un architecte reconnu. À Philadelphie, son cousin Attila (Alessandro Nivola) l’accueille et le fait travailler dans sa boutique d’ameublement. Lorsqu’il s’agit de repenser totalement la bibliothèque d’un homme d’affaires richissime, Harrison Lee Van Buren (Guy Pearce), Lázsló est un homme providentiel.
Van Buren est d’abord furieux de voir sa pièce à vivre chamboulée sans que son fils Harry (Joe Alwin) lui ait demandé son avis. Mais il s’entiche ensuite de Töth, à qui il commande un projet pharaonique de centre culturel, qui sera érigé sur sa propriété.
Le film décrit la relation complexe entre le mécène et son architecte, faite à la fois d’admiration, de mépris (« nous les Juifs étrangers, nous sommes tolérés », dit Lázsló), de domination allant jusqu’au viol au sens propre du terme.
Un autre personnage interfère fortement dans l’histoire : Erzsebet (Felicity Jones), la femme de Lázsló Töth, enfermée comme lui dans un camp nazi et bloquée en Autriche depuis la fin de la guerre. Grâce à la protection de Van Buren, il réussit à la faire venir auprès de lui aux États-Unis. Elle joue auprès de lui un rôle que certains ont comparé à celui de Simone de Beauvoir face à Jean-Paul Sartre, stimulant sa créativité, le protégeant contre l’état dépressif qui le hante.
Le titre « The Brutalist » se réfère au brutalisme, un courant en architecture actif au sortir de la seconde guerre mondiale et dont la personnalité la plus connue dans le monde francophone était Le Corbusier. Il s’agissait de construire avec des matériaux bruts, tels que le béton, sans fioritures.
Le rythme du film est étourdissant, avec des images splendides (en particulier celles tournées dans les mines de marbre de Carrare) et la bande son de David Bloomberg. Mona Fastwole, épouse de Brady Corbet, a coécrit le scénario.