Fukushima, l’effacement du péché nucléaire originel

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The Guardian a publié le 22 mars un article de George Monbiot, le chroniqueur du journal sur les questions d’environnement. Il était intitulé : « pourquoi Fukushima m’a fait m’arrêter de me préoccuper et aimer l’énergie nucléaire ».

« Vous ne serez pas étonnés d’apprendre que les événements au Japon ont changé mon opinion sur l’énergie  nucléaire. Vous serez étonné d’entendre comment ils l’ont changée. A la suite du désastre de Fukushima, je ne suis plus neutre sur la question du nucléaire. Je suis maintenant en faveur de la technologie.

Une vieille usine merdique avec une sécurité inadéquate a été frappée par un tremblement de terre monstrueux et un vaste tsunami. L’alimentation électrique est tombée en panne, mettant hors service le système de refroidissement. Les réacteurs ont commencé à exploser et à fondre. Pourtant, à ce que nous savons, personne n’a reçu une dose mortelle de radiation.

Quelques verts ont exagéré sauvagement les dangers de la pollution radioactive. Pour une vue plus claire, regardez le graphique publié par xkcd.com (bit.ly/gu6QC). Il montre que la dose totale moyenne émise par le désastre de Three Mile Island pour quelqu’un vivant dans un rayon de 10 miles de l’usine fut la 625ième partie de la dose annuelle maximum admise pour les travailleurs exposés aux radiations. Celle-ci, à son tour, est la moitié de la plus petite dose annuelle que l’on puisse relier à un risque de cancer accru, laquelle, à son tour, représente 1/80ième de la dose qui provoquerait invariablement la mort. Je ne suis pas en train de proposer de la complaisance. Je propose une perspective

Si d’autres formes de production d’énergie ne causaient aucun dommage, ces impacts pèseraient davantage. Mais l’énergie est comme la médecine ; s’il n’y a pas d’effets collatéraux, il y a des chances que ça ne marche pas. »

Dans la suite de l’article, George Monbiot s’attache à démontrer que toutes les formes de production d’électricité « vertes », des barrages aux éoliennes et aux piles photovoltaïques ont des limitations et provoquent des dégâts environnementaux. Il indique aussi que, pour produire la quantité d’électricité requise, l’alternative au nucléaire est le recours aux énergies fossiles, charbon, gaz et pétrole, avec leurs effets de serre.

Il conclut ainsi : « oui, je hais toujours les menteurs qui gèrent l’industrie nucléaire. Oui, je préfèrerais que tout le secteur ferme, s’il y avait des alternatives moins dommageables. Chaque technologie de l’énergie implique un coût ; il en va de même de l’absence de technologies de l’énergie. L’énergie atomique vient d’être soumise au test le plus sévère qui soit, et l’impact sur les personnes et la planète a été minimum. La crise de Fukushima m’a converti à la cause de l’énergie nucléaire ».

Je partage le point de vue de George Monbiot. L’énergie nucléaire souffre d’un « péché originel », son origine militaire. La recherche frénétique de cette technologie, d’Israël au Pakistan et de la Corée du Nord à l’Iran, montre que le sous-entendu militaire reste présent. Pour citer le cas de la France, la filière nucléaire civile s’est développée sur la base des recherches menées pour disposer de la bombe atomique. Pendant des dizaines d’années, le Parlement n’eut jamais l’occasion de débattre de choix qui impliquaient pourtant des centaines de milliards de francs et la santé des citoyens. L’allusion de Monbiot aux « menteurs » s’applique particulièrement bien à notre pays et au cas de Tchernobyl lorsque le nuage radioactif fut supposé s’arrêter à nos frontière en épousant leur tortueux contour.

C’est ce péché originel que le tsunami de Fukushima est en train de laver. Le Japon n’a pas de nucléaire militaire et est le seul pays à avoir été, à ce jour, victime d’attaques à l’arme atomique. Il est possible maintenant de raisonner sur le « cocktail » de sources d’énergie qu’il serait raisonnable de produire. Le nucléaire a gagné sa place dans ce cocktail.

Photo de la centrale de Fukushima, The Guardian.

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