Dans « la fille de Brest », Emmanuelle Bercot raconte le combat de la pneumologue brestoise Irène Frachon pour faire interdire le Mediator et indemniser les victimes.
Lorsqu’en 1989 Irène Frachon (Sidse Babett Knudsen) se rend compte que plusieurs malades opérés du cœur dans le CHU de Brest où elle exerce prennent du Mediator, elle demande à un collègue chercheur, Antoine Le Bihan (Benoît Magimel) d’investiguer.
Le Mediator est un médicament produit par les Laboratoires Servier, largement prescrit par les médecins pour ses effets amaigrissants. L’étude épidémiologique menée par Le Bihan met en évidence une corrélation impressionnante entre les cardiopathies et la prise du médicament.
Dès lors, Irène et Antoine engagent un combat inégal : une poignée d’enragés bretons contre un laboratoire puissant, appuyé par des lobbyistes, assuré du soutien de l’industrie pharmaceutique, capable d’accorder ou de retirer son soutien à des programmes de recherche médicale.
Le film d’Emmanuelle Bercot entraîne le spectateur à un rythme échevelé. Il y a d’abord la campagne pour faire interdire le médicament à la vente. Suivra celle qui vise à faire indemniser les victimes. « Il me faut des morts », dit la journaliste du Figaro Anna Jouan (Lara Neumann). Lorsqu’un rapport de la Caisse d’assurance maladie révèle qu’entre 500 et 1 000 personnes sont mortes d’avoir absorbé des comprimés de Médiator, c’est un scandale national de la dimension de celui du sang contaminé qui éclate.
Irène remue terre et ciel, sait trouver des appuis, d’abord parmi ses collègues à l’hôpital, puis auprès de journalistes et de députés. Mais un jour, à bout de forces, terrorisée par la menace d’être radiée de l’ordre des médecins, elle veut tout abandonner. Bruno, son mari (Patrick Ligardes) lui dit que sa seule manière de s’en sortir, c’est d’aller jusqu’au bout. Troublée, pacifiée, elle lui demande de se remarier avec elle. En régime de séparation de biens, lui répond son mari.
Sidse Babett Knudsen injecte dans le film une énergie impressionnante. Interprétée par elle, Irène Frachon tient tête à Servier, bouscule sans ménagement ses amis lorsqu’ils baissent les bras, réussit pourtant à exercer son métier de médecin et d’élever ses quatre enfants.
« La fille de Brest » est un film qui donne du tonus.