Dans « Une vie », le réalisateur Stéphane Brizé adapte le premier roman de Guy de Maupassant.
Au dix-neuvième siècle, une jeune aristocrate normande, récemment sortie d’un pensionnat sévère, épouse un hobereau désargenté. La première nuit de Jeanne (Judith Chemla) avec son nouveau mari Julien (Swann Arlaud) est douloureuse. Mais peu à peu, elle en tombe vraiment amoureuse.
Judith tombe de haut quand elle découvre que son mari la trompe avec Rosalie (Nina Meurisse), sa bonne, qui plus qu’une servante est son amie et confidente. Lorsque, plus tard, elle découvre que l’objet des assiduités de son mari est une femme mariée, le curé du village la presse, au nom de la vérité, de tout révéler au mari cocu. Le résultat est l’assassinat du couple adultère et le suicide du mari.
Judith n’est pas au bout de ses épreuves. Son fils unique, Paul, accumule les dettes. Il faut vendre les fermes du domaine, puis le château, pour les éponger. Il ne reste à Judith qu’un désespoir teinté de paranoïa. Elle accuse Rosalie, revenue vivre auprès d’elle, de vol et de trahison. Judith semble arriver au bout de sa vie… mais l’arrivée d’une petite fille, enfant de Paul, peut tout changer.
Il est rare de ressentir des sentiments si contradictoires pendant et après la projection d’un film. Pendant la projection, le spectateur sent peser sur lui la grisaille, les automnes pluvieux qui n’en finissent pas, les souvenirs heureux qui soulignent la tristesse d’aujourd’hui, le long, le très long passage du temps. L’ennui.
Et lorsqu’on sort du cinéma, le film reste imprimé dans l’esprit et dans le cœur. On se souvient de ce personnage si charnel, si fort dans la plus extrême détresse, si faible en même temps, si injuste qu’est Jeanne, magnifiquement interprétée par Judith Chemla. On garde en soi les paysages parfois heureux, souvent âpres et mélancoliques de la Normandie, l’ambiance pesante d’un château à peine éclairé et chauffé, l’écrasement d’une femme par son destin.
N’est-ce pas l’objectif d’une œuvre d’art que d’imprimer sa marque à ce point ?