Fais de beaux rêves

« Fais de beaux rêves », le dernier film de Marco Bellocchio, raconte le chemin parcouru par un homme pour guérir du traumatisme du décès brutal de sa mère quand il était enfant.

« Fai bei sogni » est construit sur l’entremêlement de trois périodes de la vie de Massimo, un journaliste du quotidien turinois « La Stampa ». Au décès de son père, en 1999, Massimo vide l’appartement de son enfance et se confronte à son passé.

Trente ans plus tôt, à l’âge de neuf ans, sa mère est morte subitement. Massimo avait avec elle une relation fusionnelle. Ils étaient unis dans des moments d’exaltation, comme le jour où elle l’entraîna dans un rock-en-roll déchaîné. Ils partageaient des moments de tristesse et d’effroi, lorsqu’ils regardaient ensemble à la télévision des épisodes du feuilleton Belphégor, en particulier celui où Belphégor se suicide en se jetant d’un immeuble.

Le gosse Massimo ne croit pas en ce qui raconte son père, un homme froid dont la seule passion était le football : sa mère serait morte d’un infarctus foudroyant. Lorsqu’on emmène le cercueil de sa maman, il ne peut croire en sa mort. Ce deuil qu’il n’a pu faire l’obsèdera pendant des décennies.

Bellocchio met aussi en scène Massimo adolescent, cherchant sa mère dans une quête mystique : qu’y avait-il avant le commencement du monde ? Reverrons-nous ceux qui sont morts ? Où trouver la lumière ? Massimo est aussi fasciné par la mère de son meilleur ami, qui vit avec son fils une relation charnelle, toute proche de celle qu’il aurait probablement eue avec sa propre mère si elle avait vécu.

Arrivé proche de la quarantaine, Massimo finira par découvrir ce qui s’est vraiment passé pour sa mère. Deux évènements l’y conduisent. Au journal, le rédacteur en chef le prie de répondre, à partir de son expérience personnelle et avec ses tripes, à la lettre d’un lecteur qui racontait être parvenu à un tel point de haine à l’égard de sa mère qu’il serait prêt à la tuer. Pris de crises d’angoisse, il téléphone à un médecin, Élisa, qui lui enseigne comment apaiser la terreur qui gît en lui. Élisa devient son amante. Elle souffle à son oreille : « laisse-la s’en aller ». Elle l’entraîne au bord d’une piscine et plonge du plus haut tremplin. Massimo revit son émerveillement d’enfant devant les exploits des plongeurs italiens aux jeux olympiques de Munich. Il comprend qu’on peut tomber de très haut et refaire surface.

Les acteurs de « fais de beaux rêves » sont remarquables : Valerio Mastrandrea (Massimo adulte), ceux qui jouent son personnage comme enfant et adolescent, Barbara Ronchi (la mère de Massimo), Bérénice Bejo (Elisa).

Le spectateur met du temps à entrer dans le film. Le metteur en scène lui livre un à un, dispersés sur trois époques, les pièces d’un puzzle. Celui-ci ne s’assemble que peu à peu, avec une précision géométrique.

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