« Les derniers Parisiens », premier film des rappeurs Hamé Bourouka et Ekoué Labitey, fait plonger le spectateur dans un Paris prolétarien, cosmopolite et menacé de disparaître.
Nas (Reda Kateb) sort de 24 mois de prison à Nanterre. Son frère Arezki (Slimane Dazi), propriétaire d’un bar dénommé « le prestige » dans le quartier de Pigalle, lui offre un contrat de six mois Par chance, sa compagne Margot (Mélanie Laurent) est conseillère d’insertion et de probation : elle se charge de valider la bonne conduite de Nas auprès du juge d’application des peines.
La coexistence des frères est compliquée. Arezki arrive à la quarantaine. Il a envie de se ranger. Il ne supporte plus l’ambiance de Pigalle, les liasses de billets qui passent de main en pain, les amitiés trahies, les passeports Shengen qu’on achète au marché noir, la drogue qui circule. Il rêve de quitter Paris pour le Sud, et le plus vite possible.
Nas au contraire se remplit les poumons de l’air de Pigalle. Il y a ses copains, ses habitudes, les codes non écrits qu’il connait par cœur. Il rêve de transformer le bar minable de son frère en une boîte à la mode où, entre strip-teaseuses et champagne, l’argent coulerait à flots. Encore faut-il obtenir d’Areski la cession de son fonds de commerce, et trouver le partenaire qui exercera honnêtement la gérance jusqu’à ce que Nas ne soit plus sous écrou.
« Les derniers Parisiens » est un film dérangeant. Il nous emmène, caméra sur l’épaule, au cœur d’un monde que nous voyons de l’extérieur, comme des étrangers, mais dont ne connaissons rien. C’est un monde de trafics, de violence et d’illégalité, mais les réalisateurs ne nous rassurent pas en utilisant les schémas cinématographiques habituels de la délinquance et de la mafia. Il nous présente des hommes blessés par la vie, proies faciles des plus forts, cherchant à tâtons les moyens de leur survie.
On se laisse peu à peu fasciner, blackbouler dans ce Paris nocturne dans lequel les paroles échangées sont souvent inaudibles. J’ai pour ma part ressenti une déception : je m’attendais à voir la conseillère pénitentiaire d’insertion et de probation, interprétée par Mélanie Laurent, au travail. Comment allait-elle s’y prendre pour faciliter la réinsertion de Nas ? Mais son positionnement est entaché d’une faute déontologique majeure puisqu’elle est la belle-sœur du libéré conditionnel qu’elle est censée accompagner. De ce fait, Mélanie Laurent elle-même est peu convaincante dans ce film.