Orpheline

« Orpheline », film d’Arnaud des Pallières, raconte en quatre époques couvrant une vingtaine d’années le destin tourmenté d’une femme qui cherche à vivre sa vie quoi qu’il lui en coûte.

La première scène du film montre la sortie de prison de Tara (Gemma Arterton). En en franchissant le seuil, elle quitte les oripeaux de détenue et s’habille en femme élégante. Échapper à un monde clos et gris et s’inventer un avenir lumineux, tel est le fil rouge. Lorsque dénoncée par Tara pour un crime qu’elles ont commis ensemble sept ans auparavant, Renée se livre à la police, c’est pour revenir en prison après s’être construite une existence normale et avoir mis au monde une petite fille. Mais elle le fait en toute lucidité, avec la promesse de revenir un jour s’occuper d’elle pour de bon.

Renée (Adèle Haenel) est directrice d’école. Elle a 27 ans. Lorsqu’elle avait 20 ans, sous le nom de Sandra (Adèle Exarchopoulos), elle était devenue la maîtresse d’un homme âgé vivant du tiercé, qui l’avait faite embaucher comme employée. Avec la complicité de Tara, elle avait détourné une grosse somme d’argent qui lui avait permis de payer ses études.

Le scénario remonte le temps. Karine (Solène Rigot) est une adolescente de 13 ans fugueuse. Elle n’a que son corps à sa disposition pour sortir d’un milieu familial si étouffant qu’elle se déclare, à qui l’interroge sur ses parents, orpheline. Elle le donne aux hommes qui veulent la prendre, comme prix d’un repas ou d’une nuit dans leurs draps. Peu importent les coups, les griffures, les humiliations. Elle veut avancer.

Enfin, on arrive à l’enfance de Kiki (Véga Cuzytek), et au drame qui s’est joué quand elle avait 6 ans lors d’une partie de cache-cache dans l’amas de ferraille où travaille son père (Nicolas Devauchelle) : la mort de ses compagnons de jeu.

Kiki, Karine, Sandra et Renée sont une seule et même femme. Le réalisateur souligne la continuité par un rouge à lèvre soutenu, une élocution particulière, une manière insistante de filmer la peau. Lorsque, devenue adulte, cette femme croit avoir réussi à construire sa vie avec Darius, un homme qui l’aime (Jalil Lespert) et lui a fait un enfant, son passé la rattrape. Mais on sent bien que son appétit de vivre est si puissant qu’aucune déchirure, aucune souffrance, aucun enfermement, n’en viendront à bout.

« Orpheline » est un film difficile, qui place parfois le spectateur dans l’inconfortable position du voyeur. Le scénario, construit à partir de flash-backs, est par moments difficile à suivre. Mais c’est un film fort, servi par des actrices exceptionnelles.

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