« Après la tempête », du réalisateur japonais Hirokazu kore-eda, est un film tendre qui fait entrer le spectateur dans l’intimité d’une famille désunie.
Le film s’ouvre sur une scène aussi cocasse qu’amère. Après le décès de son mari et 40 ans de vie commune, Yoshiko (Kirin Kiki) range ses affaires avec l’aide de sa fille. Elle n’a aucun regret : l’homme était un flambeur dont l’addiction au jeu avait précipité la famille d’une belle maison à un minuscule appartement en HLM. Lorsque sa fille l’encourage à sortir et à se faire des amis, elle lui rétorque qu’à son âge, faire de nouveaux amis c’est multiplier les enterrements.
Ryota (Hiroshi Abe), son fils, semble avoir hérité de la malédiction de son père. Au mitan de sa vie, tout vient confirmer qu’il n’est pas, et probablement ne sera jamais, l’homme qu’il souhaitait être. Professionnellement, il travaille comme détective privé, activité trouble dont il prétend qu’elle lui fournira la matière d’un second roman, dont il n’a pas écrit une ligne. Personnellement, il est divorcé de Kyoko (Yoko Maki) et père d’un garçon de 11 ans, Shingo qu’il ne voit qu’épisodiquement et dont il ne parvient pas à payer la pension alimentaire.
La vie de Ryota est rongée par le jeu et les dettes de jeu. Une nuit, il fouille l’appartement de sa mère à la recherche d’un bas de laine. Il le trouve ! Mais dans l’enveloppe censée contenir une liasse de billets, il découvre un simple mot de sa sœur : « pas de chance… »
La chance semble sourire à Ryota quand s’approche un typhon qui oblige la famille désunie à passer la nuit dans l’appartement minuscule de sa mère. Lorsque Kyoko, qui est si sage, les rejoint, lui et leur fils, en pleine tempête et sous une pluie battante, dans l’abri qu’offre dans le square une structure en plastique pour l’amusement des enfants, il peut croire que sa vie va se remettre sur les rails. Mais son ex-femme lui demande seulement : laisse-moi avancer.
J’avais beaucoup aimé « tel père, tel fils », un film précédent de Hirokazu kore-eda. Comme lui, « après la tempête » parle de la vie de famille, et en particulier de la paternité, avec une grande sensibilité. J’ai été frappé du peu de distance culturelle entre l’univers de la famille de Ryota et celui d’une famille européenne. Mise à part la manière de se saluer en inclinant le buste, leur univers nous est familier : l’appartement HLM, les vêtements, la ville… Est-ce un parti-pris du metteur en scène de gommer les différences, ou bien la mondialisation nous a-t-elle rapprochés à ce point ?