Dans son émission « la grande table » sur France Culture, Olivia Gesbert a récemment interviewé le photographe américain Joel Meyerowitz.
Dans le cadre des Rencontres de la photographie à Arles (jusqu’au 24 septembre) est présentée une exposition des premières œuvres de Joel Meyerowitz. L’émission était diffusée en direct d’Arles.
Interrogé sur Olivia Gesbert, celui-ci explique pourquoi il est passé dans les années 1970 à la couleur, alors que les photographes de renom préféraient le noir et blanc et considéraient la photo couleur comme triviale. Dès notre naissance, dit-il, nous vivons saturés de couleurs. Notre monde est chromatique. La richesse des couleurs est un cadeau visuel qui nous permet de jouir pleinement de la qualité de la vie.
Il remarque que les couleurs des photos d’il y a quarante ans sont différentes de celles d’aujourd’hui. On travaillait alors uniquement à partir du bleu, du jaune et du rouge, alors que nous pouvons maintenant créer des milliers de couleurs.
John Meyerowitz se définit comme un photographe de rue, et voit en Henri Cartier-Bresson son maître. Le photographe, avec son appareil réglé au millième de seconde, capte le flux de la vie en un instant éphémère. Dans cet instant précis, il assemble des choses et des gens qui n’avaient rien à faire ensemble. Par cette combinaison, il rend visible l’invisible.
La chance joue un rôle dans la pratique du photographe de rue. Mais celui-ci est dans un état spirituel d’éveil. Il pense à la réalité comme un ruisseau dont on regarde une gouttelette : elle représente, l’espace d’une fraction de seconde, le ruisseau tout entier et le flux continu de la vie.
Après le 11 septembre 2001, Joel Meyerowitz a passé neuf mois à Ground Zero à photographier des gens humbles cherchant une dent ou un minime indice permettant d’identifier des disparus. Photographier dans la rue et sur la route, c’est ouvrir grands les yeux, c’est être vivant, c’est s’ouvrir à la conscience du monde qui nous entoure.