Arte TV vient de diffuser « OJ Simpson, Made in America », un passionnant documentaire d’Ezra Edelman, primé cette année à Cannes.
Ce documentaire évoque le procès d’Orenthal James Simpson (OJ Simpson) en 1995 pour le meurtre commis l’année précédente sur son ex-femme Nicole Brown et le nouvel ami de celle-ci, Ron Goldman.OJ Simpson avait été une légende du football américain. En 1979, à l’âge de 32 ans, il prit sa retraite sportive et se reconvertit dans le cinéma et la publicité, tout en conservant une immense popularité.
Le documentaire est découpé en cinq épisodes, pour 480 minutes au total. Le troisième épisode est crucial : il couvre les mois qui vont de l’assassinat de Brown et Goldman jusqu’au début du procès d’assises. Contre Simpson, les preuves sont accablantes, en particulier le sang dont sa voiture était maculée. Les présomptions sont fortes : Simpson a souvent eu affaire à la police pour violences conjugales lorsqu’il était marié à Brown ; son comportement suicidaire dans les heures qui ont suivi l’assassinat laisse peu de doute quant à son implication dans le drame.
Pourtant, OJ Simpson sera acquitté par la cour d’assises le 3 octobre 1995. Pourquoi ?
Il faut se replonger dans le contexte des relations entre la communauté noire et la police de Los Angeles. On reproche à celle-ci d’être systématiquement et violemment hostile à la population noire, à lui infliger sans cesse des brimades, à ne pas respecter ses droits les plus élémentaires.
La pression médiatique est considérable. Lorsqu’après avoir refusé la convocation du juge, OJ Simpson prend place dans une Ford Bronco blanche conduite par un ami, son véhicule est repéré par une équipe de télévision à bord d’un hélicoptère. Des voitures de police suivent le véhicule, mais ordre est donné de ne pas intervenir : Simpson est armé, on craint l’insurrection s’il vient à se suicider. Le suspense est suivi en direct par 90 millions de téléspectateurs. Sur les ponts enjambant l’autoroute, des centaines de badauds se rassemblent. Lorsque le cortège parvient à la maison de Simpson, ce sont plusieurs hélicoptères qui survolent le lieu et des milliers de manifestants qui réclament la libération de leur héros.
OJ Simpson rassemble une « dream team » d’avocats autour de Johnnie Cochran, spécialisé dans la défense de victimes du racisme. Sa stratégie consiste à faire un procès de Simpson un affrontement blancs contre noirs. La défense est sans scrupules. Elle n’hésite pas à changer la décoration de la maison de Simpson : les photographies le représentant avec des blancs sont changées pour d’autres où ses interlocuteurs sont uniquement des noirs. Le jury, noir en majorité, est impressionné.
Pour la majorité de la communauté noire de Los Angeles, il ne fait pas de doute que OJ est un chic type, et que les preuves apportées pour démontrer sa culpabilité ont été fabriquées. Il sera acquitté. Plus tard, attaqué au civil pour le même meurtre, il sera reconnu responsable et condamné à payer 33 millions de dollars d’indemnités aux familles. Il changera de résidence fiscale pour éviter la saisie de ses biens.
OJ Simpson est actuellement en prison pour une attaque à main armée et un enlèvement commis en 2008. Son procès de 1995 a montré combien les faits pesaient parfois peu face aux croyances et aux préjugés. Deux décennies plus tard, l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis a montré combien les affects d’un peuple pouvaient encore prévaloir sur la raison.
Nous avons aussi trouvé ce documentaire passionnant. L’histoire d’OJ Simpson est incroyable. D’autant plus que nous avons appris ces derniers jours qu’il va être libéré en octobre, suite à sa dernière peine dû à un vol à main armée.