Edmond

« Edmond », pièce d’Alexis Michalik créée à Paris au Théâtre du Palais Royal, est en tournée en France.

Le théâtre du Pin Galant de Mérignac (Gironde) jouait à guichets fermés pour trois soirées. Il n’y a pas d’ouverture de rideau. Les comédiens prennent peu à peu place sur scène, jouent aux cartes, rangent des accessoires.

Et voici le spectateur plongé en décembre 1897. Edmond Rostand est déjà un auteur connu, mais aussi connu par les échecs successifs de ses pièces, tourné en dérision par ses pairs pour écrire en vers alors que la mode est à la prose. Marié et père de deux enfants, accablé de soucis d’argent, il cherche le moyen de s’en sortir.

Le comédien comique Constant Coquelin est dans une situation semblable. La pièce dans laquelle il joue est un « four ». Il lui faut d’urgence un autre spectacle. Et voici Rostand et Coquelin engagés ensemble dans un pari fou : écrire, mettre en scène et répéter en trois semaines une pièce dont pas une seule ligne n’a été écrite mais dont bien vite l’auteur trouve le titre : Cyrano de Bergerac.

Rostand trouve l’inspiration dans des situations qui l’entourent. Il imagine un homme très laid (Cyrano) amoureux d’une femme très belle (Roxane). Ne pouvant se présenter physiquement devant elle, il prête sa voix et son talent à un bellâtre. Edmond joue dans la vraie vie ce qu’il imagine sur scène : il écrit des lettres d’amour enflammées à la fiancée d’un de ses amis. La pièce devait avoir trois actes ; elle en aura finalement cinq, de rebondissement en rebondissement.

Car Michalik ne cesse de bondir. Les décors changent d’un instant à l’autre, manipulés par les comédiens eux-mêmes. Des personnages célèbres apparaissent et disparaissent : Sarah Bernhardt, Maurice Ravel, Anton Tchekhov, Georges Feydeau… Les douze comédiens se glissent furtivement chans une trentaine de personnages.

C’est du bon, de l’excellent théâtre qui fait rire et émeut.

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