Une vague d’émotion a submergé la France à l’occasion du décès de l’écrivain Jean d’Ormesson et du chanteur Johnny Hallyday. Elle restera associée pour nous au décès d’un ami, Jacques Sarrand.
Le décès de deux personnalités aimées des Français a été l’occasion d’une catharsis assez semblable à celle qui se produisit en Angleterre à l’occasion du décès de la Princesse Diana.
L’événement a occupé les écrans jour et nuit jusqu’à presque occulter la décision lourde de conséquences du président Trump de reconnaître Jérusalem comme la capitale d’Israël.
On a dit que la musique de Johnny Hallyday était la bande-son de nos vies.
On a souligné l’enracinement à droite des deux hommes, mais aussi leur absence de sectarisme : d’Ormesson joua le personnage de Mitterrand au cinéma ; Hallyday participa plusieurs fois à la Fête de l’Huma. Certains ont dit qu’ils faisaient du Macron avant l’heure : ni droite ni gauche !
On a remarqué que d’Ormesson avait été peu traduit et que Johnny était peu connu hors du monde francophone. Comme si notre deuil était un deuil juste pour nous, qu’on ne partage pas, en plein cœur de notre identité.
On a parlé de réconciliation de la France d’en-haut et de la France d’en-bas. La mort de Diana avait fait apparaître une fracture entre le peuple et les Windsor. Ici, les élites semblent s’être mises au diapason de la France populaire. Pas toute la France, cependant : les banlieues marquées par une forte empreinte ethnique en étaient largement absentes.
La disparition de Jean d’O et de Johnny a coïncidé pour nous avec le décès de Jacques Sarrand, un Français moyen plongé dans la seconde guerre mondiale et la décolonisation, un homme honnête qui a tracé son chemin dans les convulsions de son pays au vingtième siècle.