France 2 a récemment diffusé un téléfilm d’Yves Rénier consacré à l’affaire Patrick Dils : « je voulais seulement revenir chez moi ».
« Je voulais seulement revenir chez moi », telle est l’explication que donne Patrick Dils pour avoir avoué, le 28 avril 1987, le meurtre de deux enfants à l’automne précédent, dans son village de Montigny-lès-Metz. Il n’avait pas commis le meurtre. Des policiers l’avaient soumis à 36 heures de garde à vue. Ils lui avaient promis que, s’il avouait, il pourrait rentrer à la maison. Patrick Dils avait 15 ans.
Il resta emprisonné quinze ans jusqu’à ce qu’un troisième procès d’assises reconnaisse son innocence. C’est son histoire que raconte Yves Rénier dans son film.
Prostré, muet, buté, Patrick Dils (joué par Thomas Mustin) est un coupable idéal. Peu de temps après l’affaire Grégory, l’opinion publique réclame un coupable. La mécanique judiciaire se met en marche, implacable. Elle va broyer un innocent.
Du moins, elle va manquer de le broyer. Car sur le chemin de la justice se dresse une maîtresse femme, Jacqueline Dils, la mère de Patrick, interprétée à l’écran par Mathilde Seignier. Elle bouscule les avocats, convoque la presse, obtient le vote d’une loi permettant à son fils de ne pas être jugé une troisième fois à huis-clos.
Et sur le chemin de Patrick arrive, presque miraculeusement, un ange gardien en la personne d’un codétenu, Marco (joué par Yves Rénier lui-même). Il le protège des détenus qui le violent quotidiennement et occasionnellement le passent à tabac. Mais surtout, il l’entraîne à devenir fort : « tant que t’auras l’air d’une victime, on te prendra pour un coupable ».
Le « coaching » de Patrick par Marco passera par un délit commis à la cuisine où il travaille, et qui lui vaut le mitard. C’est que le respect aveugle de l’autorité a paralysé Patrick lors de sa garde à vue. Il lui faudra affronter crânement ses accusateurs et ses juges. Il passera aussi par l’abandon des lunettes de soleil et de la moustache qui le protégeaient, mais prêtaient aussi le flanc au délit de sale gueule. Patrick Dils n’y consentira qu’après que Marco aura été assassiné en prison par les truands dont il l’avait protégé.
Une belle scène du film est celle où Patrick Dils, enfin acquitté, caresse sa mère virtuellement, de part et d’autre de la vitre du box du prétoire où, en tant qu’accusé, il était enfermé.
Le film était suivi d’un débat animé par Julian Bugier, en présence, entre autres, de Patrick Dils lui-même et du réalisateur sur le thème « Accusé à tort, faut-il avoir peur de la justice ?». Les intervenants soulignèrent en particulier le progrès que constitue la présence d’un avocat pendant la garde à vue.