Dans « La douleur », le réalisateur Emmanuel Finkiel adapte au cinéma le roman éponyme de Marguerite Duras.
En mai 1944, le résistant français Robert Antelme est arrêté par la police. Sa femme, Marguerite Duras (Mélanie Thierry), est elle-même membre d’un réseau de résistants. Un policier, Pierre Rabier (Benoît Magimel) se propose de l’aider, de faire passer des colis à son mari, d’intervenir pour améliorer son sort.
Il se noue entre Rabier et Madame Antelme une relation trouble et ambigüe. Pourquoi la rencontre-t-il tous les jours ? Cherche-t-il à lui soutirer des informations, à faire tomber des membres de son réseau ? Est-il simplement fasciné par cette femme belle et écrivaine ? La même ambivalence existe chez Marguerite. Ne devine-t-elle pas que Ravier n’a pas de pouvoir sur le destin de son mari ? Est-elle excitée par le jeu de chat et de souris qu’il lui impose ? Serait-elle, elle aussi, fascinée par cet homme que la chute de Vichy va écraser et qui ne semble pas touché par la peur ?
En août 1944, Paris est libéré. La ville semble saisie d’une frénésie de fêtes et de bals populaires. Mais Robert a été déporté. Marguerite se mure dans l’attente de son retour. Elle marche et fend la foule comme une automate. Une belle scène la représente, vêtue de rouge, traversant à bicyclette une place de la Concorde absolument déserte.
À partir de mai 1945, les prisonniers de guerre français, puis les déportés, commencent à rentrer. Marguerite fait partie d’une équipe de bénévoles qui relève leur identité en gare d’Orsay pour que les familles soient informées. Mais il n’y a toujours pas de nouvelles de Robert. Les informations commencent à filtrer sur les camps de concentration. Chaque jour qui passe amenuise les chances qu’il revienne vivant.
Marguerite vit prostrée. Son ami Dionys Mascolo (Benjamin Biolay), qui est aussi son amant, tente de la ramener à la vie, mais elle s’enfonce de plus en plus dans l’autodestruction. Dionys a une phrase terrible et juste : « à quoi êtes-vous le plus attachée, à Robert Antelme ou à votre douleur ? »
De fait, on finit par se demander si Marguerite aimait, ou aime encore, cet homme qu’elle n’en finissait pas d’attendre dans le chagrin et la déprime. S’il revenait, rendu semblable à un spectre par des années de torture concentrationnaire, pourrait-elle reprendre une vie commune avec lui ?
Le film d’Emmanuel Finkiel est magnifique. C’est dans une sorte de cauchemar éveillé qu’il entraîne le spectateur, avec une utilisation fréquente du flou et une bande-son anxiogène. Et surtout, le jeu des acteurs, Mélanie Thierry, Benoît Magimel, Benjamin Biolay, est imbibé de l’angoisse d’une époque où la mort rôdait et où chacun essayait d’inventer son propre chemin, rarement en ligne droite.
Moins louangeur.
Cela se présente comme l’ autobiographie d’une période dramatique pour l’auteur dans un contexte lui aussi dramatique.
J’ai plutôt vu comme un exercice littéraire quelque peu artificiel.
N’ai jamais été ému.