France 2 a récemment diffusé « L’étudiante et Monsieur Henri », comédie d’Ivan Calbérac (2015).
Monsieur Henri (Claude Brasseur) est un vieux monsieur acariâtre et misanthrope. Il rumine son obsession : son fils Paul (Guillaume de Tonquédec) a fait une mésalliance ; son épouse Valérie (Frédérique Bel) est une sotte indécrottable.
Lorsque son fils passe une annonce pour louer une chambre dans son immense appartement, c’est pour Henri une catastrophe. Son espace intime va être envahi. Une étudiante se présente : Constance (Noémie Schmidt). Elle n’a aucune confiance en elle-même, mais elle est acculée : elle doit réussir son année de fac à Paris pour échapper à Orléans, à la vente de fruits et légumes sur les marchés, et surtout à son père tyrannique. Et puis, le loyer demandé est curieusement bas.
Pour Paul, le pacte tacite est que Constance veillera sur son père infernal. Pour Henri, le pacte explicite est que Constance l’aidera à éloigner Paul de Valérie ; elle le séduira pour qu’il se rende compte de ce que son épouse est une nunuche dont il faut fuir.
Constance, qui n’a jamais rien réussi dans sa vie, se révèle une séductrice redoutable. Henri, l’huître fermée, révèle peu à peu les meurtrissures d’un deuil non assumé. Paul l’introverti est saisi par l’enthousiasme. Le piano verrouillé qui trône au cœur de l’appartement d’Henri devient un enjeu puis bientôt, pour Constance, une promesse d’avenir.
« L’étudiante et Monsieur Henri » est une bonne comédie qui donne à voir une « transhumance » des personnages d’un état psychologique marqué par la clôture sur soi et le renoncement à l’espoir à l’ouverture sur un avenir possible. Pour Henri, l’horizon est une mort proche. Il lui reste quelques semaines, quelques mois, pour donner sens à sa vie.