Silves, petite ville de l’Algarve, cultive le souvenir de sa grandeur comme capitale d’un royaume arabe.
Silves est située à mi-distance de Lagos et Albufeira, à une quinzaine de kilomètres de la mer. Pendant des siècles, elle fut un centre de commerce maritime grâce à sa rivière, l’Arade. Elle fut aussi un centre de pouvoir important, avec un château construit sur le promontoire qui la domine.
Les Arabes s’emparèrent de la ville autour de 715. Ils la perdirent brièvement en 1189 puis définitivement en 1242. La ville, alors dénommée As-Shilb, s’enorgueillit de son passé islamique, car elle fut capitale de l’Algarve (Al-Ghrarb Al-Andalús). L’office de tourisme abrite un petit centre d’interprétation du patrimoine islamique en Algarve (fermé lors de notre visite) et même une Maison de la culture islamique et méditerranéenne, construite dans les anciens abattoirs et qui, dit un dépliant touristique, accueille des initiatives culturelles.
La fierté de la ville est son château Al-hamra (le rouge), dont les murailles restaurées sont impressionnantes. L’espace enserré par les murailles a été aménagé en jardin, avec une exposition de sculptures contemporaines.
Le musée de Silves est adossé à la muraille qui entourait la médina. Il est construit autour d’un impressionnant puits de 18m de profondeur, avec un escalier en colimaçon permettant d’accéder au fond.
Sous le château se trouvait la mosquée principale, rasée lors de la « reconquête » pour donner place à la cathédrale. Le bâtiment actuel, en style gothique, fut construit au quinzième siècle. Comme c’est habituel dans la Péninsule ibérique, on y trouve des représentations dramatiques de la Passion du Christ, une manière de s’affranchir de l’interdit musulman de la représentation et d’insister sur l’humanité souffrante de Dieu.
À partir du seizième siècle, Silves déclina. L’ensablement de la rivière Arade, la malaria qui s’ensuivit, et surtout l’essor de Faro et Lagos comme ports d’embarquement pour l’Amérique réduisirent ce qui fut la capitale d’un royaume au statut de bourgade rurale. Au dix-neuvième siècle, l’industrie du liège puis, au vingtième, la culture de l’orange et du citron, ont redonné vie à la cité. Aujourd’hui, sa renaissance est amplifiée par le tourisme, fondé sur la mise en valeur des témoignages architecturaux d’un passé glorieux.