Le fils de Saul

Arte TV a récemment diffusé « le fils de Saul », premier film du Hongrois Lazló Nemes, qui a pour cadre le camp d’extermination d’Auschwitz en octobre 1944.

Saul Aüslander (Géza Rohrig) est membre d’un Sonderkommando, un groupe de déportés chargé d’accompagner les arrivants à la chambre à gaz, de fouiller les poches de leurs vêtements à la recherche d’or, d’emporter les cadavres au crématoire et de nettoyer la chambre à gaz dans l’attente de nouveaux arrivants.

En octobre 1944, des déportés ourdissent un plan d’évasion, d’autant plus urgent que 70 membres du Sonderkommando sont sur la liste des hommes à éliminer. Le camp est en ébullition : les arrivées sont si nombreuses que les chambres à gaz ne suffisent plus ; on exécute hommes, femmes et enfants nus à la mitraillette au bord de fosses.

Saul fait partie des conjurés. Mais il a dans la tête une autre priorité : donner une sépulture selon le rite juif à un jeune garçon gazé dont il affirme qu’il est le père. Les autres candidats à l’évasion veulent sauver leur vie. Lui considère qu’il est déjà mort, et il veut réussir cette mort en offrant au jeune garçon des funérailles dignes.

Saul cherche désespérément un rabbin parmi les membres du Sonderkommando, puis, en désespoir de cause, dans la foule des arrivants. Le spectateur assiste à une course haletante, dans la terreur des SS et des kapos. Les dialogues se limitent à quelques mots échangés, ou pas échangés du tout lorsque la personne abordée ne parle pas la même langue.

La bande son, œuvre de Tamás Záni, constitue l’originalité principale de ce film. « Il faut rendre compte de l’atmosphère sonore de cette usine des enfers, écrit le réalisateur, avec de multiples tâches, des ordres, des cris, et tant de langues qui se croisent, entre l’allemand des SS, les langues multiples des prisonniers, dont le yiddish, et celles des victimes qui viennent de toute l’Europe. Le son peut se superposer à l’image, parfois aussi prendre sa place, puisque certaines manquent et doivent manquer. »

Une scène terrible est celle où Saul, à la recherche du cadavre du garçon, pénètre par erreur dans une salle où des SS éméchés font la fête. L’un d’entre eux le prend par le bras et l’oblige à exécuter une parodie de danse juive. Le mépris est glacial : les SS ont intériorisé l’idée que leurs prisonniers constituent une sous-humanité qui ne mérite pas de vivre.

« Le fils de Saul » a reçu de multiples récompenses, de Cannes à Hollywood. C’est justifié. Ce film est l’un des meilleurs consacrés à la Shoah.

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