L’animatrice de télévision et femme d’affaires américaine Kim Kardashian West annonce pour le 5 avril la diffusion de son documentaire « The Justice project »
D’une durée de deux heures et programmé sur la chaîne Oxyen, le documentaire donne la parole à des personnes détenues. Il dénonce un système qui condamne des personnes à des peines longues, parfois à perpétuité, pour des délits accomplis sans violence. Il faut se rappeler que les États-Unis comptent plus de deux millions de personnes incarcérées. Le taux d’incarcération, 666 détenus pour 100 000 habitants, est plus de six fois le taux constaté en France.
En 2018, Kim Kardashian avait obtenu de Donald Trump, ami de son mari le rappeur Kanye West, la libération d’Alice Marie Johnson, une femme de 65 ans condamnée à perpétuité pour trafic de drogue et blanchiment d’argent. Par la suite, 17 détenus ont été libérés grâce à son action.
Kim Kardashian est connue des magazines people en France pour l’exhibition généreuse de son corps, sa vie sentimentale tapageuse, le vol de ses bijoux à Paris en 2016 pour 10 millions d’euros, sa ligne de parfums, ses quatre enfants dont deux par mère porteuse, sa fortune estimée à 350 millions de dollars.
Elle a fait de la réforme pénale l’axe de son engagement. Son père, avocat, avait défendu OJ. Simpson, et elle-même a entrepris des études pour devenir avocate. Elle milite pour une réforme de la libération sous caution des prévenus, et pour une réduction de l’échelle des peines.
L’exigence d’un dépôt d’argent pour bénéficier de la liberté avant un procès est source d’injustice. Les prévenus les plus pauvres ne peuvent disposer d’une telle somme. Il s’y ajoute un autre facteur : le montant de la caution demandée dépend du risque de récidive. Celui-ci est calculé par des algorithmes d’évaluation du risque (Digital risk assessment algorithm, RAA) qui se réclament d’une neutralité mathématique, mais qui en réalité s’appuient sur un historique de discrimination tel que la probabilité calculée de récidive d’un noir est plusieurs fois supérieure à celle d’un blanc.
Le second axe d’engagement de Kim Kardashian est la réduction de l’échelle des peines. La lutte contre la drogue lancée par le président Reagan, puis la loi des « three srikes » qui permet ou contraint les juges à prononcer des peines de prison perpétuelle à l’encontre d’un prévenu condamné pour la troisième fois pour un délit ou un crime, a entrainé une croissance hors contrôle de la population carcérale. Des gamins de 16 ans, eux-mêmes violentés lorsqu’ils étaient enfants, sont condamnés à perpétuité. Kim Kardashian réclame pour eux une deuxième chance.
La croissance hors contrôle de la prison aux États-Unis est reconnue par tous les politiques comme un problème majeur. En décembre 2018, une loi bipartisane dénommée « First Step Act » a enclenché une dynamique de réduction carcérale dans les prisons fédérales. Toutefois celles-ci n’hébergent que 10% des prisonniers, le plus grand nombre étant hébergé par des prisons d’État, souvent gérées par des entreprises privées qui font pression pour maintenir leur activité. Le militantisme de Kim Kardashian a probablement de quoi s’exercer pendant de nombreuses années.