Comment nous protéger des prochaines crises

Dans « Comment nous protéger des prochaines crises » (2018), Jacques Attali prévient de l’inéluctabilité d’une crise multiforme aux conséquences dramatiques, et propose des principes applicables aux individus, aux entreprises et aux nations.

Jacques Attali n’y va pas par quatre chemins. « Chacun sent bien que nous vivons comme un avant-guerre (…) et que procrastiner ne sera plus très longtemps possible. » Certes, des indicateurs sont au vert, tels que le pourcentage d’humains vivant sous le seuil de pauvreté ou l’allongement de la durée de la vie. Mais l’humanité vit à crédit et cela ne peut pas durer.

Le problème de fond, c’est la « priorité donnée au présent sur le passé et l’avenir. Dans une volonté tyrannique des vivants de profiter du monde, en détruisant ce qu’il fut et ce qu’il peut devenir. En ce s’occupant que des flux, qui sont l’instant, et pas des stocks, qui sont l’histoire. En détruisant l’héritage, en ne laissant rien aux générations à venir. »

Des crises violentes vont se produire inéluctablement, écrit Attali. « Ces crises peuvent prendre huit formes : financière, économique, sociale, politique, géopolitique, idéologique, technologique et écologique. Aujourd’hui, tous les signes indiquent l’occurrence d’une crise multiforme, prenant tous ces visages à la fois. Tous les signes annoncent même l’occurrence possible d’un désordre extrême, de paniques nombreuses, d’une barbarie, d’un effondrement de nos civilisations. »

La crise du coronavirus : sanitaire, géopolitique, économique…

Il se trouve ce compte-rendu de lecture a été écrit en novembre 2018, à l’Île de La Réunion, après une semaine de blocage des routes et de l’activité par les gilets-jaunes. La crise est multiforme. Elle est d’abord sociale, avec le ras-le-bol exprimé par les manifestants et une grande partie de la population qui les soutient à l’égard de la vie chère : « les élites parlent de la fin du monde, quand nous, on parle de fin de mois. » Elle est aussi politique : la défiance à l’égard des élites, la volonté du peuple de se faire entendre sans intermédiaire sur les ronds-points et sur les réseaux sociaux traduit une défiance à l’égard de la démocratie, et, comme le dit Attali, « de ce qu’elle implique : le compromis, la demi-mesure, la nuance, la tolérance du point de vue des autres et la réversibilité du pouvoir. » Elle se traduira par une crise économique : faillites d’entreprises, fuite des touristes, chômage.

Les trois quarts du livre sont consacrés à l’analyse de cette crise profonde, multiforme et inéluctable. Comment s’en protéger ? Jacques Attali définit trois principes : lucidité (ne pas céder à l’optimisme facile, regarder les choses en face) ; combativité (ne pas baisser les bras, s’engager) ; positivité (regarder comment, concrètement, améliorer les choses). « Ces trois principes doivent fonder l’action. Elle doit se décomposer en six étapes : analyser les risques, trouver des alliés, agir positivement, être léger, être prêt à tout, y compris au combat ; et, ressort ultime, si rien d’autre n’est possible, et si c’est possible : partir. »

L’auteur applique cette grille de lecture aux individus (invités à opter pour une vie plus frugale et à penser d’abord à la génération suivante), aux entreprises et aux nations. La Fondation Positive Planet propose 30 indicateurs permettant de mesurer les progrès réalisés – ou non – dans 9 domaines : finance positive, éducation positive, participation positive, usage positif des ressources, connexions positives, solidarité positive, gouvernance positive, dynamique positive, inclusion positive.

Jacques Attali

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