Arte TV a récemment diffusé « l’heure d’été », film d’Olivier Assayas (2008) qui explore la relation de trois générations d’une famille avec les objets que l’histoire a laissés entre leurs mains.
Le film commence par la joyeuse cavalcade des enfants de la famille Marly dans le grand jardin de la maison de leur grand-mère à Valmondois, en Val d’Oise. Il s’achève par la fête qu’organise pour ses amis dans la maison, peu avant qu’elle change de propriétaire, l’aînée de cette génération.
Par une belle journée d’été, les Marly fêtent le soixante-quinzième anniversaire d’Hélène (Édith Scob). Autour d’elle, ses trois enfants : Frédéric (Charles Berling), Adrienne (Juliette Binoche), Jérôme (Jérémie Renier). Malgré la joie des retrouvailles, une ombre plane. Hélène se sent au terme de sa vie. Elle l’a consacré à la mémoire de son oncle, un peintre fameux, Paul Berthier. Que deviendra la maison ? Que deviendront les œuvres d’art qu’elle contient, meubles Majorelle, panneaux décoratifs d’Odilon Redon, tableaux de Corot ?
Frédéric aimerait que la maison reste dans la famille et que tout reste comme avant. Mais Adrienne, styliste de renom qui a fait sa vie à New-York ne se sent plus liée à Valmondois ; Jérôme se prépare à vivre en Chine avec son épouse et leurs enfants et a besoin d’argent. De toute manière, les droits de succession sont tels que le statuquo n’est pas possible. Ils seraient réduits si la famille donnait les œuvres d’art au Musée d’Orsay.
Vendre la maison est un déchirement, qui met à rude épreuve la cohésion de la famille. Se séparer de vases, de tableaux, de cahiers de croquis, de mobiliers qui font intimement partie de l’histoire de chacun, c’est comme se dépouiller d’une partie de son identité. Les œuvres d’art vivent dans le regard de ceux qui vivent quotidiennement avec elles.
Frédéric et son épouse visitent la section « Art Nouveau » du Musée d’Orsay, où est désormais exposé le bureau Majorelle sur lequel travaillait sa mère, Hélène. Un groupe de touristes passe rapidement. Cet objet a pour lui une signification unique. Éloïse (Isabelle Sadoyan), la vieille servante, accepte de Frédéric le don d’un vase qui faisait partie de son quotidien, sans se rendre compte qu’il a une valeur marchande considérable.
J’ai aimé ce film, qui constitue une méditation sur la nostalgie du temps qui passe. Il rend aussi hommage à une période de l’art occidental qui m’est chère, celle de la transition entre le dix-neuvième et le vingtième siècles.
Un film discrètement amer que j’ai également aimé et où transparaît la notion de sacrifice silencieux.