Arte TV a récemment diffusé « Ramdam », film de Zangro, producteur et cinéaste bordelais, une comédie sur l’intégration de l’islam dans la société française et le conflit entre immigrés de la première et de la seconde générations.
Amine (Lyes Salem), brillant professeur d’histoire des civilisations à l’université de Bordeaux, marié à une avocate elle-même issue de l’immigration, père de deux petites filles, est sur le point d’accepter un poste dans une prestigieuse université de Boston.
Sa vie va changer. Mais pas dans le sens qu’il attend. Il se rend dans son village natal, Saint Marsain dans les Landes, pour régler la vente d’une maison de famille. Il rencontre Jemel (Djemel Barek), un ami d’enfance devenu boucher hallal. Jemel est aussi imam de la petite mosquée de Saint Marsain. La communauté musulmane qui s’y retrouve est aux abois : le local de la mosquée va être transformée en « club house », en discothèque pour fêter les troisièmes mi-temps des matchs de rugby du club de la ville. Le propriétaire du local est Rachid (Sid Ahmed Agoubi) un entrepreneur de travaux publics, président du club de rugby, qui fait la pluie et le beau temps dans la commune.
Problème : Rachid est le père d’Amine. Les relations entre Amine et Rachid sont conflictuelles. Amine reproche à Rachid d’avoir empêché sa mère, maintenant décédée, de vivre sa vie et de porter le voile comme elle l’aurait souhaité. Rachid, qui appelle son fils « François » et s’est battu toute sa vie pour être intégré dans la société française, ne comprend pas son obstination à revendiquer sa condition d’émigré.
La communauté révoque Jemel, qui travaille en sous-main pour Rachid, et élit Amine comme imam. Mais Amine, qui connaît tout de l’islam en tant que chercheur en histoire des religions et prône la laïcité et la tolérance, ne se vit pas comme imam. Il lui faudra un apprentissage, aux côtés de Jemel, pour vivre au diapason de ses nouveaux coreligionnaires, se faire accepter par eux et mener avec eux la lutte pour le maintien de la mosquée.
Les personnages présentés dans le film sont attachants : Amine, Rachid et Jemel bien sûr, mais aussi Samir, enfant abandonné resté enfant dans son âge adulte ; Adama, la star de l’équipe de rugby, tiraillé entre la religion de la mosquée et celle du stade ; Kenza, la jeune fille qui a choisi de se voiler de noir pour qu’on la remarque et qui tombe amoureuse du nouvel imam ; Rémy, le converti qui cache sous son fanatisme de façade de profondes fragilités.
Comme le dit la notice de présentation du film sur le site d’Arte TV, « il explore avec finesse les relations familiales complexes lorsque la transmission entre les générations d’une identité plurielle n’est pas vécue par tous de la même manière.