Le New York Times a publié le 18 juillet un article intitulé « Au cœur de l’échec de Trump, la course pour abandonner le leadership face au virus » (« Inside Trump’s failure, the rush to abandon leadership role on the virus »).
« On peut trouver la source de l’incapacité de la nation à contrôler la pandémie à mi-avril, lorsque la Maison Blanche embrassa les projections exagérément roses pour proclamer victoire et tourner la page », lit-on dans cet article corédigé par cinq journalistes du quotidien.
Jusqu’à la mi-avril, Trump se présentait comme un président de temps de guerre, et revendiquait la pleine responsabilité de décider du déconfinement. Le 16 avril, changement de ton : la pandémie serait voie d’extinction, il n’en resterait plus que des braises. Le gouvernement fédéral a fait son travail en pourvoyant des ventilateurs, des masques et des tests. C’est maintenant aux gouverneurs de décider du maintien ou non du confinement.
On voit le calcul politique derrière cette abdication : pousser à une reprise de l’économie, une clé de l’élection présidentielle de novembre ; laisser aux gouverneurs la responsabilité de mesures impopulaires ; caresser dans le sens du poil les conservateurs qui voient dans le confinement une attaque contre les libertés individuelles.
Désireuse de tourner la page, la Maison Blanche a sélectionné, parmi les avis scientifiques, les plus optimistes. Le Docteur Anthony Fauci, qui avertissait du risque que le virus circule plus vite qu’on ne le pensait, ne fut pas écouté. La doctoresse Deborah Brix, qui prévoyait un scénario à l’italienne, celui d’une régression rapide de la pandémie, eut un bureau à la Maison Blanche et l’oreille du chef de cabinet du président, Mark Meadows.
Le problème est que l’Italie avait commencé à déconfiner après que le virus eut atteint un faible niveau de contamination. La Maison Blanche voulut déconfiner sur la base de prévisions (ou d’espérances) de régression de la pandémie.
Le résultat est catastrophique. Le 10 avril, Trump avait annoncé que la mortalité ne dépasserait pas 100 000 personnes ; à la mi-juillet, elle avoisinait déjà 140 000 cas.
Les livraisons de masques et les ventilateurs par l’État fédéral aux États ont été bien inférieures aux annonces. Quant aux tests, ce fut bien pire : craignant que leur usage dévoile un grand nombre de contaminations, Trump se lança dans une campagne de dénigrement.
L’actuel président aime se comparer à ses prédécesseurs : jamais aucun d’entre eux n’a fait aussi bien que lui. Boomerang : jamais aucun n’a fait preuve d’une telle incurie.