France Culture a récemment diffusé un « grand reportage » intitulé « pédophilie, comment protéger les enfants ? »
J’ai écouté cette émission avec les oreilles du visiteur de prison La pédocriminalité est devenue un élément important de la problématique carcérale. Sous la pression de l’opinion publique, les peines encourues pour des actes pédophiles sont de plus en plus sévères et les délais de prescription de plus en plus longs.
Des hommes mûrs ou âgés sont emprisonnés pour des faits qui remontent parfois à de nombreuses années. La rupture avec leur environnement familial, social, professionnel, est brutale. Beaucoup s’enferment dans le déni : s’ils ont eu des relations intimes avec des enfants, souvent leurs propres enfants, c’était par amour, il n’y avait là rien de mal.
Le psychiatre Roland Coutanceau indique ce qui fonde l’interdit des relations sexuelles entre un adulte et un enfant : la dissymétrie dans la maturité affective, qui vide de sens le mot consentement. Le pédophile est une personne (généralement un homme) qui se trouve plus à l’aise avec des enfants qu’avec des adultes. Il ne passera pas forcément à l’acte. S’il a glissé une fois, cela n’en fait pas pour autant un monstre.
Le témoignage de Bruno est bouleversant. Il a fait du corps de sa petite fille d’un an sa chose, dans un mélange d’amour et de désir. « Maintenant, je sais que c’est marqué dans sa chair ». Il est entré en contact avec l’association l’Ange Bleu fondé et animé par Latifa Bennari, qui ouvre des espaces de parole associant pédophiles et victimes, d’abord comme participant à la recherche d’aide, puis comme intervenant.
L’Ange Bleu est sans cesse sur le fil du rasoir. L’obligation de dénoncer au procureur de la République les actes pédophiles va à l’encontre de la pratique des groupes de parole, où la prise de conscience passe par une parole non entravée.
La présidente de SOS Amitié Occitanie exprime un fort besoin de formation aux questions soulevées par la pédophilie et la pédocriminalité. Les profils de pédophiles sont multiples, leurs comportements aussi. Apprendre à les décoder permet de les aider vraiment. C’est à la base de la prévention.
Deux ressources présentes à l’émission de France Culture : l’association La Voix de l’Enfant, qui « assure au quotidien à tout enfant en détresse des conditions de vie respectueuses de ses droits » ; un numéro de téléphone, le 0 806 23 10 63 (géré par les CRIAVS, Centres Ressources pour les Intervenants auprès des Auteurs de Violences Sexuelles), qui est une plateforme d’écoute et d’orientation destiné aux personnes attirées sexuellement par les enfants et qui ont peur de passer à l’acte.