Arte TV a récemment diffusé « l’homme qui aimait les femmes », film de François Truffaut (1977).
Bertrand Morane (Charles Denner), presque quinquagénaire, est hypnotisé par les femmes, par leurs jambes, leurs poitrines, leurs manières de se mouvoir, le son de leurs voix. Meurtri par l’indifférence de sa mère quand il était enfant, puis par une douloureuse rupture amoureuse, il consacre sa vie à séduire. La salle d’attente d’un aéroport, tout entière habitée d’hommes d’affaires en costume-cravate, lui fait horreur.
Dans la première scène du film, le corbillard qui l’emmène à sa tombe est suivi par un groupe de femmes, celles qu’il a aimées et qui, bien qu’il n’ait avec elles rien construit de solide, lui sont reconnaissantes pour le temps passé ensemble.
Il n’a rien d’un prédateur sexuel. Lorsque la tenancière d’un magasin de sous-vêtements féminins lui dit qu’elle n’est attirée que par des hommes jeunes, il n’insiste pas. Simplement, il aime l’environnement des femmes, qu’elles soient « grandes tiges » ou « petites pommes ». En chacune, elle voit un monde qu’il voudrait pénétrer.
Ce qui séduit ces femmes, ce qui le rend irrésistible, c’est sa faim et sa soif d’amour. Il donne à chacune le sentiment que sa vie va s’arrêter si elles n’acceptent pas de le rencontrer. Et ce n’est pas une ruse. Il souffre tant de la distance avec elles, qu’il est prêt à tout pour les prendre dans ses bras. Il en mourra, il mourra d’amour.
Bertrand décide de raconter dans un livre sa passion des femmes et ses rencontres amoureuses. Une jeune éditrice, Geneviève (Brigitte Fossey) se prend de passion pour cet homme dont le désir érotique touche à la poésie : « Les jambes des femmes sont des compas qui arpentent le globe terrestre en tous sens, lui donnant son équilibre et son harmonie », écrit-il dans son livre. Au cimetière, elle observe chacune des femmes présentes, chacune différente, chacune belle à sa façon, chacune rendue belle par le regard d’un homme qui les aimait vraiment.