Titanic, au coeur de l’épave

France 5 a récemment diffusé un documentaire de Thomas Risch, « Titanic, au cœur de l’épave ».

 Le thème récurrent du documentaire est que l’épave, qui gît par 3843m de fond dans l’Atlantique nord, pourrait disparaître, mangée par des bactéries. Mais ce n’est pas cette question qui a suscité mon intérêt.

 J’ai visité à Cherbourg en septembre dernier la section du musée de la mer consacrée au Titanic, qui a fait escale dans la rade le 10 avril 1912, quatre jours avant de couler. Le film de Thomas Risch montre un musée de Las Vegas entièrement consacré aux objets repêchés, y compris un segment de la coque tribord du vaisseau.

Le Titanic en rade de Cherbourg, le 10 avril 1912

C’est que l’intérêt du public pour le Titanic alimente un gigantesque business. Le film de James Cameron (1997) a coûté 200 millions de dollars et en a rapporté dix fois plus. Des dizaines de plongées en eau profonde ont été organisées, dont celle de 1989 qui a repéré l’épave pour la première fois.

 L’intérêt historique de ces explorations est nul. Elles n’ont rien enseigné sur les techniques de navigation, ni sur les équipements d’un paquebot de luxe : tout était déjà largement documenté. Elles ont alimenté un mythe. Elles parlent de mort, celle des quelque 1500 passagers disparus, dont elles ont exhumé des témoignages bouleversants : chaussures, sacs, lettres, photos… Elles parlent aussi de résurrection : voici la structure massive du navire arrachée aux ténèbres, de menus objets dispersés sur le fond océanique, un robot pénétrant dans ce qui furent des cabines et des salons à jamais désertés.

 En revanche, les explorations ont apporté de passionnantes révélations sur la biologie marine. Le fond océanique ressemble au sol lunaire. On imagine que la vie ne peut s’y développer, tant la lumière est absente, la température froide, la pression formidable, les courants puissants. Et pourtant, une bactérie que l’on a baptisée Halomas Titanicae s’est développée sur les métaux du Titanic, formant des sortes de stalactiques qui apparaissent rougeâtres sous le projecteur des caméras.

 Ces bactéries « mangent » jusqu’à 300kg de métal par jour. Et les spécialistes se prennent à penser que de telles bactéries pourraient être, un jour, utilisées pour dépolluer les océans. L’émotion causée par l’épave du Titanic et le business qu’elle a généré ont rendu possibles des progrès scientifiques dans le domaine de l’environnement. Ce cercle vertueux est suffisamment rare pour être salué !

Les « statalctiques » formées par les bactéries sur l’épave du Titanic

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *