À l’occasion de la mort de Diego Maradona, le 25 novembre dernier, La Chaîne Parlementaire, LCP, a diffusé le documentaire réalisé sur le footballeur par Emir Kusturica en 2008.
Le film de Kusturica a été autant aimé que détesté. À ceux qui le dénigrent, il est apparu décousu, chaotique, un patchwork mêlant des images d’archive des buts les plus spectaculaires du « gamin d’or », des interviews sur le ton de la confidence, des scènes d’adulation, des chansons, et même un mariage selon le rite de « l’église maradonienne ».
Pour ceux qui ont aimé le film, dont je suis, l’impression de chaos est précisément la réussite du film. Il réussit à communiquer au spectateur le sentiment d’un immense élan vital entre le divin (« la main de Dieu » du but marqué contre l’Angleterre en 1986) et le diabolique (l’addiction à la cocaïne).
Kusturica dit de son ami Maradona : « c’est une force de la nature. De lui, émanent de l’émotion, de la puissance, de l’enchantement. Un être unique. » Et c’est cet incroyable charisme que parvient à rendre palpable le réalisateur.
Diego Maradona était tout petit, par sa taille et aussi par sa naissance dans un milieu populaire de Buenos Aires. C’est la petitesse qu’il a revendiqué tout au long de sa vie comme un trophée : sur le terrain de football quand il se faufilait parmi des adversaires taillés comme des athlètes ; parmi les foules de supporters de Naples qui, lorsque fut connue sa mort, envahirent les rues de la ville malgré le confinement et l’illuminèrent de bougies allumées.
Maradona a joué pour le club de Naples de 1984 à 1991, il a permis au club de cette ville méprisée du Mezzogiorno de supplanter la Juventus de Turin au palmarès du championnat italien de football. Le film le montre en 1985 aux côtés d’Hugo Chaves en Argentine devant une foule enthousiaste. Son parti-pris pour les déshérités lui fit prendre parti pour des populistes. Toujours l’ambigüité.
Devant la caméra de Kusturica, Maradona regrette que la cocaïne lui ait fait négliger ses filles, et même qu’elle l’ait empêché de devenir un footballeur extraordinaire. Une séquence du film le présente dans un club de Buenos Aires chantant un hymne à sa gloire, entouré de ses deux filles. Dans une autre, il écoute Manu Chao, accompagné d’un seul guitariste, chanter dans une rue « La vida tombola », chanson qui lui est dédiée.