France 5 a récemment diffusé le dernier magazine « rendez-vous en terre inconnue », produit par Frédéric Lopez en 2018. Invité : le spationaute Thomas Pesquet. La terre inconnue : la communauté Kogi, dans la Sierra Nevada de Santa Marta au nord de la Colombie.
Les yeux bandés dans les couloirs de l’aéroport Charles de Gaulle, ne sachant où l’emmène Frédéric Lopez, Thomas Pesquet se dit confiant. Il a l’habitude de la confiance. Dans le milieu totalement hostile environnant la station spatiale, sa « maison » pendant huit mois à partir de novembre 2016, sa vie dépendait des milliers de personnes travaillant pour le programme. En ces temps de défiance, par exemple à l’égard des vaccins, son attitude fait du bien.
C’est dans la communauté amérindienne des Kogis qu’il vivra pendant deux semaines, partageant leur quotidien, logis, repas, activités agricoles. Les Kogis sont les héritiers d’une grande civilisation, celle des Tayronas. La colonisation les a expropriés de leurs terres et réduits à se réfugier dans des montagnes isolées. Dans la période récente, ses quelque 12 000 membres ont souffert de la guerre entre le gouvernement de Colombie et les FARC.
C’est pourtant aussi de confiance qu’il s’agit lorsqu’on partage leur vie. Ils se considèrent comme les « grands frères », gardiens de la Terre-mère que les « petits-frères » ne cessent d’agresser en violant les lieux sacrés et en violant le sous-sol.
Les Kogis vivent largement en autosubsistance. Ils sont guidés par les Mamos, chamanes qui prennent les petites et les grandes décisions et sont les gardiens de leurs traditions. Ceux-ci les réunissent dans une salle commune appelée kankuria. Curieusement, ils ne forment pas un cercle, mais se dispersent dans l’espace disponible et ne craignent pas de se tourner le dos : ce qui importe, c’est d’être ensemble à l’écoute de la terre-mère.
Pendant les deux semaines de cohabitation, Thomas a noué une relation d’amitié forte avec le fils de l’homme qui leur sert de guide dans la communauté. Le gamin a dix ans. Il n’a jamais vu la mer. La vie du spationaute ne peut être plus différente de la sienne. Et pourtant, ils s’adoptent l’un l’autre, unis dans la même humanité.