Arte TV a récemment diffusé Huguette, film d’Antoine Garceau avec Line Renaud et Romane Bohringer dans les rôles principaux.
Lorsqu’Huguette (Line Renaud), sa voisine, est expulsée de son appartement et se réfugie dans la voiture de son mari décédé, Marion (Romane Bohringer) l’accueille chez elle. Un acte de générosité, certes, mais peut-être aussi un échange équilibré.
C’est qu’avant sa retraite, Huguette exerçait le métier de professeure des collèges. Or, Marion est angoissée par la situation de son fils Rémi, 15 ans, que l’absentéisme au collège et les notes désastreuses destinent à une filière professionnelle. Marion se sent coupable de l’échec scolaire de son fils : infirmière de nuit à l’hôpital, elle ne lui consacre pas assez de temps. Elle veut pour lui ce qu’elle considère le meilleur, la filière générale. Huguette lui promet qu’en un mois, jusqu’au conseil de classe décisif, elle redressera la situation.
L’approche volontariste, et même brutale, d’Huguette, a pour effet de braquer l’adolescent. Non seulement le tutorat scolaire mais aussi la simple coexistence dans le petit appartement ne sont plus possibles. Huguette, qu’a ruinée le financement d’un Ehpad dans les dernières années de la vie de son mari, se retrouve à la rue.
Un esclandre provoqué par la vieille dame dans la classe de Rémi en plein cours d’histoire, filmé par un élève sur son portable et placé sur un réseau social, change la donne. La scène est partagée des dizaines de milliers de fois. L’ancienne professeure est devenue la vedette involontaire d’un média investi par les adolescents, et tout particulièrement par Rémi, passionné d’informatique, de codage, de sites web et de « tutos ».
Le premier apprivoisement d’Huguette entre Marion et Rémi avait échoué. Est-il possible de repartir à zéro, en construisant sur la vraie passion de l’adolescent et sur la résilience et l’humour de la vieille dame ?
Le film d’Antoine Garceau parle des misères de notre temps, la chute dans la précarité de personnes âgées après une vie préservée, la difficulté pour une mère célibataire travaillant de nuit de communiquer avec un fils adolescent, les préjugés disqualifiant l’enseignement professionnel et condamnant des élèves à suivre un cursus inadapté pour eux. Mais il est profondément optimiste sur la capacité des personnes à s’adapter et rebondir. Il fait du bien.