The Network

France 5 a récemment diffusé « The Network », film de Sidney Lumet (1976) sur la dictature de l’audimat sur la télévision.

 Howard Beale (Peter Finch), un présentateur vedette historique du journal télévisé de la chaîne UBS, va être licencié en raison de baisses d’audience. Il annonce en direct son intention de se suicider à l’antenne. Le directeur de l’information, Max Shumacher (William Holden), lui offre par amitié la possibilité de dire aurevoir dans une dernière transmission. Le succès d’audience est sans précédent.

 La directrice de la programmation, Diana Christensen (Faye Dunaway), est à la recherche de sensationnel. Howard Beale, transformé en prophète antisystème rageur et enflammé, est une pépite. Elle convainc le directeur de la chaîne, Franck Hackett (Robert Duvall) de faire passer l’information sous la coupe de la programmation. Les diatribes de Beale font grimper l’audimat. Lorsqu’il s’écrie “I’m as mad as hell, and I am not going to take this anymore” (« je suis fou comme l’enfer et je ne vais pas supporter tout ça davantage »), les gens hurlent son slogan aux fenêtres et aux balcons.

Évincé de l’antenne, Schumacher tombe amoureux de Christensen, de vingt ans sa cadette et abandonne sa femme. Il découvre peu à peu que son amante a été formatée par la télévision, qu’elle est totalement hermétique aux joies et aux souffrances d’autrui, et qu’elle a déjà écrit dans sa tête son scénario : un jour, il reprendra, contrit, sa place auprès de son épouse.

 The Network est un film d’une autre époque, d’avant Internet. En studio, les caméras sont des engins énormes ; le téléphone sonne sans cesse entre patrons de chaîne, directeurs de programmes, présentateurs. Aujourd’hui, lorsqu’on parle de « networks », c’est aux réseaux sociaux que l’on pense.

 Pourtant, le film apparaît d’une grande modernité. L’information disparait devant l’émotion. Diana Christensen exploite la rage et la frustration des téléspectateurs. Les diatribes de Beale font vendre bien davantage que la crise de l’OPEP. Quarante ans plus tard, un candidat se fera élire président des États-Unis en utilisant les mêmes ressorts, à la télévision mais surtout sur les réseaux sociaux : la haine qu’on porte dans le ventre tout de suite, avant les convictions forgées dans le cerveau dans la durée.

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