Play

Canal+ a récemment diffusé « Play » film réalisé en 2018 par Anthony Marcano sur un scénario de Max Boublil et de lui-même.

Max (Max Boublil) a trente-huit ans, et quelque chose de bouleversant va se passer dans sa vie. Pour vivre cet événement, il a besoin de visionner les bouts de film qu’il a accumulés depuis qu’en 1993 il a touché sa première caméra. On ne révèlera pas cet événement, sinon qu’il concerne Emma (Alice Isaaz), une amie d’adolescence et de jeunesse.

Tournés avec le matériel vidéo de chaque époque, ces rushs témoignent du parcours de vie de jeunes nés autour de 1980. Il y a les grands événements collectifs, la coupe du monde de football de 1998 ou le passage à l’an 2000. Les Noël en famille. Les cuites à la porte d’une boîte de nuit dont le videur barre l’entrée.

Max, Mathias, Arnaud, Emma, Olivia découvrent les émois amoureux, la timidité, la difficulté de dire « je t’aime », l’irréparable que produit la gaucherie quand l’être aimé en secret passe dans les bras d’un ami et rival.

Ils vivent la difficulté de l’entrée dans la vie active, l’échec au concours de médecine, les premiers pas d’une troupe de cabaret.  La naissance d’un premier enfant. Les images se bousculent comme dans un kaléidoscope vertigineux.

L’illusion est parfaite. On a vraiment l’impression de tranches de vie prises sur le vif pendant un quart de siècle, alors que chaque scénette est une fiction, que l’amateurisme de la prise de vue est  simulé et que certains personnages sont incarnés par trois comédiens, 13-15 ans 16-20 ans et âge adulte.

La tristesse et le chagrin n’épargnent pas Max et sa bande. Mais il  se dégage de leurs ébats un sentiment d’insouciance. Leur génération se distingue fortement de celle grandie dans les affrontements d’après-guerre, que met en scène « Rouge baiser » de Véra Belmont. Les adolescents d’aujourd’hui, aux prises avec la pandémie de Covid et tracassés par l’avenir de la planète, ne s’identifieront probablement pas avec eux.

Il reste que le film d’Anthony Marcano est empli d’une nostalgique poésie, et que son album d’images se laisse agréablement feuilleter.

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