En Grande Bretagne, des artistes incitent des personnes détenues à fabriquer des livrets illustrés à destination de leurs enfants. Le confinement a contraint ses initiateurs à imaginer de nouvelles manières de travailler. Le résultat est positif.
David Kendall s’est spécialisé dans la lecture et l’écriture comme un moyen d’accrocher des personnes marginalisées. Il a récemment publié un article sur le site Internet de The National Justice Arts Alliance, association britannique qui soutient le développement de l’art en prison comme moyen d’induire des changements positifs chez des personnes placées sous main de justice.
Il raconte qu’il animait des ateliers dans un centre de détention. Une douzaine de personnes détenues fabriquaient des livrets illustrés qu’ils remettaient à leurs enfants lors d’une fête organisée un dimanche.
« Les hommes qui venaient aux ateliers étaient plus ou moins capables et confiants. Il y a une certaine peur du ridicule qui rend les gens nerveux de participer au début, et beaucoup ont lutté avec l’orthographe et la rédaction. Pour donner à ceux qui sont moins confiants un point de départ, nous avons fourni à chaque participant un livret vierge avec des vignettes prédécoupées sur chaque page. L’astuce était d’intégrer ces volets dans l’histoire. Ce rectangle est-il une porte de château ou un vaisseau spatial ? Il s’agissait de choix qu’ils faisaient alors qu’ils tissaient ensemble leurs histoires. La confiance est venue quand ils ont pu aborder chaque page à son propre rythme, en se demandant où les vignettes prédécoupées s’inséreraient le mieux. Les compétences en dessin étaient secondaires ; c’est le message à faire passer qui primait. »
Le confinement est venu interrompre les ateliers. Les initiateurs du projet ne se sont pas découragés. Ils ont réalisé un pack d’activité, qui inclut un livret vierge, des vignettes prédécoupées de grande qualité et des timbres pour envoyer le livret aux enfants.
Cette version à distance a connu un grand succès, qui doit beaucoup à la participation active de membres du personnel pénitentiaire et de bibliothécaires. Elle est maintenant proposée dans 3 centres de détention, en plus de celui où étaient réalisés les ateliers.
David Kendall fait partie de l’association « Give a book », dont l’objectif est de promouvoir les livres et le plaisir de lire dans les endroits les plus durs. Elle travaille en particulier dans les prisons, les écoles et auprès d’enfants désavantagés. En prison, leur action est proche de celle de l’association française Lire pour en sortir.