La phrase prononcée au téléphone entre deux protagonistes de la campagne présidentielle d’Edouard Balladur a un goût de « tontons flingueurs ». Mais il y a en arrière-plan les victimes de l’attentat de Karachi et une autre victime collatérale : la démocratie.
« Elle balance beaucoup apparemment, Hélène. » La phrase pourrait sortir telle quelle de la bouche des tontons flingueurs. Et l’affaire de Karachi a tous les ingrédients d’un film à la Lautner : les valises de billets de banque, les trahisons familiales, les pédigrées exotiques (du genre Duchesse Roxane de Syldavie), les haras et les yachts, la promiscuité des hommes politiques et des affairistes, les menaces et les vengeances, les conversations enregistrées, sans oublier la clé USB remplie, nous dit Paris-Match, de fichiers : numéros de comptes, noms de sociétés offshore, relevés fiscaux, photos, listes de biens non déclarés au fisc.
Mais il ne s’agit pas d’un film. Les juges suspectent que des Français sont morts dans l’attentat de Karachi comme représailles d’un loupé dans le circuit de commissions qui, en partie, alimentaient la campagne présidentielle du candidat Balladur. Et même si les millions de Karachi n’ont pas permis son élection, la corruption porte une ombre sur notre démocratie.
Photo du film « Les tontons flingueurs de Georges Lautner », 1963.