La mort en ce jardin

Arte TV a récemment diffusé « La mort en ce jardin », film de Luis Buñuel (1956).

Des chercheurs de diamant se révoltent lorsque des militaires viennent leur signifier que l’exploitation est nationalisée et qu’ils doivent immédiatement cesser leur activité. La répression est brutale. Un leader blessé est fusillé. Des têtes sont mises à prix, des otages seront exécutés s’ils ne sont pas livrés.

Cinq personnes prennent la fuite à bord d’un petit bateau qui fait la liaison entre les villages le long du fleuve. Shark (Georges Marchal) est un aventurier sans scrupule, décidé à faire fortune, par la violence s’il le faut. Lizardi (Michel Piccoli), un missionnaire, est en route pour évangéliser les Indiens. Djin (Simone Signoret) assume sa condition de prostituée : elle est prête à tout pour vivre comme une princesse. Cet avenir radieux, Castin (Charles Vanel) est prêt à le lui offrir : il a accumulé assez de diamants pour réaliser son rêve, ouvrir un restaurant à Marseille. Une seule condition cependant : emmener avec lui Marie (Michèle Girardon), sa fille sourde et muette.

Pourchassés par les soldats, les fugitifs doivent abandonner leur embarcation et tenter leur chance dans la forêt tropicale. Vite, les conditions deviennent extrêmes. La faim les tenaille. La pluie incessante les transit.

Shark, l’aventurier égocentrique, devient le chef de cette troupe improvisée et n’a de cesse de la conduire au salut. Lizardi, le prêtre encombré de préjugés religieux et colonialistes, se révèle un homme pratique, se hissant à la cime d’un arbre pour trouver un chemin et tuant un serpent pour manger.

Un miracle se produit. Shark tombe par hasard sur la carcasse d’un avion de ligne écrasé dans la forêt. Tout devient possible : manger et boire à profusion, s’habiller de neuf, utiliser un zodiac de sauvetage pour s’enfuir au Brésil. Djin est heureuse : elle enfile une robe de soirée, passe un collier de prix. Mais le vieux Castin, conscient que son rêve ne se réalisera jamais, sombre dans la folie.

J’aime la critique de ce film par le site dvdclassic.com. « Cette délivrance, cette renaissance des personnages se déroulent dans une nature devenue presque irréelle. Luis Buñuel montre comment celle-ci reflète leurs doutes, leurs obsessions, leurs états d’âme à travers quelques scènes étranges, insolites, impénétrables : la vermine couvrant le serpent, les cheveux de Maria accrochés aux branchages, le groupe se serrant au creux d’un arbre maternant alors que la pluie tombe, diluvienne, Djin en robe du soir au milieu de la carcasse d’un avion recouvert par la jungle… Ces images fulgurantes montrent une jungle ambivalente, à la fois belle et dangereuse. On dirait parfois que le groupe a découvert l’Eden (Buñuel ne cesse d’ailleurs de jouer sur cette lecture biblique), mais au détour du plan suivant on est de retour dans l’enfer vert. C’est que si cette plongée dans l’inconnu peut se révéler régénératrice pour certains, elle peut aussi être fatale pour d’autres. Se retrouver en dehors de la société, seul face à soi-même et à ses responsabilités, peut être une renaissance ou une fin pour qui est incapable de parcourir ce chemin. »

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