À l’initiative de l’Observatoire International des Prisons, 24 organisations impliquées dans le milieu carcéral ont cosigné un communiqué sur le budget de l’administration pénitentiaire pour 2022. « La prison reste le seul horizon », déplore le communiqué.
Elles observent que le budget prévoit des investissements gigantesques dans la construction de nouvelles prisons et ne laisse que des miettes aux peines alternatives à l’incarcération.
Alors que nombre de pays développés – y compris les États-Unis – tournent le dos à l’incarcération de masse et orientent leurs efforts vers le suivi de personnes délinquantes en milieu ouvert, la France investit dans le béton. Le gouvernement escompte 80 000 personnes détenues à l’horizon 2027, soit 15 000 de plus en six ans.
Les chiffres donnent froid dans le dos : 1 milliard d’euros d’investissements supplémentaires en 2022, s’ajoutant aux 5 milliards déjà engagés et qu’il faudra rembourser. En comparaison, le budget consacré aux peines alternatives est de moins de 40 millions d’euros. Quant au budget d’entretien des prisons existantes, dont on connaît le délabrement de certaines d’entre elles, il plafonne à 80 millions d’euros.
Le communiqué ne mentionne pas l’effet-cliquet de la création de nouvelles prisons : elle entraîne mécaniquement le recrutement de nouveaux personnels et, pour toujours, de nouvelles dépenses de fonctionnement. J’ai évoqué cet aspect dans « transhumances » : « le coût exorbitant des nouvelles prisons ».
À quelques mois de l’élection présidentielle, c’est à qui réclamera le plus fort la neutralisation des délinquants par leur enfermement, le plus longtemps possible. Chacun sait que la prison désocialise et génère de la haine. Chacun sait qu’une politique de réduction carcérale et d’intégration contribuerait à l’harmonie dans la société. Les impératifs démagogiques sont plus forts.
Le communiqué des 24 organisations (A3D, Acat, Aides, Anaec, ASPMP, Auxilia, Ban Public, CASP Arapej, Cimade, CGT, Citoyens et Justice, Clip, Courrier de Bovet, Emmaüs, Farapej, Fédération des Acteurs de la Solidarité, Ligue des Droits de l’Homme, Lire pour en sortir, OIP, Possible, Secours Catholique Caritas France, Syndicat des Avocats de France, Syndicat de la Magistrature, Syndicat de la Protection Judiciaire de la Jeunesse) va à contrecourant de la frénésie punitive. Il est bienvenu.
Les gouvernements changent ,des dizaines d ‘organisations ,de livres, de colloques montrent que l on peut faire autrement er rien ne bouge…
A noter que l’ ANVP n ‘ a pas signée ce plaidoyer