Je souhaite partager dans « transhumances » ce qui m’a étonné, dans ma vie personnelle comme dans l’actualité.
Dans cet article de « transhumances » : la proposition d’un candidat à l’élection présidentielle de créer un bagne aux îles Kerguelen pour y détenir les terroristes islamistes ; le programme gigantesque de construction de logements sociaux par le régime bolivarien du Venezuela.
Bagne
Candidat à l’élection présidentielle, Nicolas Dupont-Aignan propose l’ouverture d’un bagne aux Iles Kerguelen, dans lequel seraient enfermées les personnes détenues pour faits de terrorisme islamiste. « C’est bien toute la folie de notre époque, écrit-il dans Valeurs Actuelles, que de se préoccuper de leur réinsertion plutôt que d’allonger au maximum la durée de leur détention. »
Dupont-Aignan reconnait volontiers que « l’’ouverture de ce bagne enfreindrait certes la Convention européenne des droits de l’homme ». Mais il précise que la France sortirait de cette organisation habitée par « des juges étrangers avec des vues idéologisées. »
Il ne semble pas conscient d’une contradiction fondamentale. Il s’agirait, selon lui, de défendre nos valeurs contre « la submersion migratoire ». Quelles sont donc les valeurs de notre pays ? Ne parle-t-on pas de la France comme « patrie des droits de l’homme » ?
Le bagne est la négation même des droits humains. Le situer dans les terres inhospitalières des Kerguelen le place au même niveau que le bagne de Sakhaline, dénoncé par Tchékhov : le pire du pire. (27 octobre 2021)
Venezuela
J’ai été étonné par un article de Yaneira Wilson dans Métropolitiques sur le programme de construction de logements sociaux du régime chaviste au Venezuela.
Ce qui frappe d’abord c’est l’ampleur de ce programme lancé en 2011 : 3 millions de logements à construire d’ici 2025, objectif porté à 5 millions en 2018. En avril dernier, le gouvernement revendiquait 3 500 000 logements construits, qui se sont ajoutés aux 8,2 millions de logements existants.
Deuxième source d’étonnement : ce programme a été accéléré, alors même que 5,6 millions d’habitants – un habitant sur six – ont fui le pays depuis 2015. Le risque de logements-fantômes plane sur lui.
Enfin, le concept de propriété inventé par la révolution bolivarienne ne manque pas d’étonner. « Le programme, écrit Yaneira Wilson, entend développer une forme originale de propriété du logement et des moyens de subsistance, à l’intersection du modèle socialiste de propriété étatique et du modèle indigène de propriété communautaire. » C’est la communauté des habitants qui possède les logements qui sont assignés à des familles, les murs étant, quant à eux, propriété de l’État. Cette forme nouvelle de propriété se heurte à la conception ancrée d’une propriété privée, transmissible par héritage. Elle est d’autant plus contestée par les habitants que la propriété commune est gérée sous le contrôle étroit du régime, l’accès au logement étant subordonnée à l’adhésion des prétendants à la révolution bolivarienne. (3 novembre 2021)