Immigration = Délinquance ?

Les candidats de droite et d’extrême droite à l’élection présidentielle rivalisent dans la dénonciation de l’immigration comme la cause d’une explosion de la délinquance.

Les chiffres montrent que la criminalité et la délinquance tendent à diminuer depuis vingt ans. Et le lien entre immigration et délinquance n’est pas avéré.

« TF1 Info » a publié le 19 février un article de Thomas Deszpot intitulé « 25% d’étrangers en prison, la preuve d’un lien entre délinquance et immigration ? »  Ceux qui répondent positivement à cette question se fondent sur le fait que les personnes de nationalité étrangère représentent 7,6% de la population générale, mais près d’un quart de la population carcérale.

L’article de TF1 Info s’appuie sur une étude publiée en septembre 2020 par l’Institut Convergences Migrations, qui observait que les personnes de nationalité étrangère représentaient 15% des personnes condamnées par la justice, un pourcentage double de celui de leur présence dans la population générale. Y a-t-il pour autant une relation de causalité entre immigration et délinquance ?

L’Institut observe que « dans 99,2% des condamnations de personnes de nationalité étrangère, les infractions sont des délits – dont plus de 55% concernent la circulation routière et des vols – et dans seulement 0,8% des crimes. » Il constate également que « la part des étrangers dans les condamnations (y compris de Français) varie selon la nature de l’infraction : 25% pour le travail illégal, 41% pour les faux en écriture publique ou privée, près de 50% des infractions douanières et 78 % pour les infractions relatives à la police des étrangers, c’est-à-dire, pour l’essentiel des infractions liées à la régularité du séjour des étrangers en France. »

Les immigrés (dont les étrangers) et leurs descendants, lit-on dans l’étude, « sont surtout présents dans les types de délinquance qui sont typiquement celles des milieux populaires, mais qui sont également les formes de délinquance les plus visibles, les plus simples et donc les plus réprimées par la police et la justice ». Les étrangers sont plus exposés aux contrôles policiers « au faciès ». Ils sont davantage poursuivis en comparution immédiate, avec une probabilité plus forte d’être incarcérés.

Les chiffres ne permettent pas d’établir un lien de causalité entre immigration et délinquance. Lors de l’éclatement de la crise du Covid, en mars et avril 2020, toutes causes confondues, les décès augmentèrent de 48% pour les personnes nées à l’étranger par rapport à la même période en 2019, contre 22% pour les personnes nées en France. Nul n’avait conclu que la pandémie était causée par l’immigration. Corrélation n’est pas causalité.

L’institut concluait ainsi son étude : « Dès lors, prétendre vouloir s’attaquer à l’immigration, parfois improprement qualifiée de « massive » pour réduire la délinquance semble infondé. C’est, bien davantage, une lutte efficace contre les inégalités sociales, scolaires et territoriales qui permettrait, à moyen terme, de diminuer les actes de délinquance au sein des milieux populaires dont les immigrés et étrangers sont une composante. »

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